Intervention de Jean Lassalle

Séance en hémicycle du 4 février 2016 à 9h30
Compétitivité de l'agriculture et de la filière agroalimentaire — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

je sais ce que vous essayez de faire. Il le faut, bien que ce soit presque impossible aujourd’hui.

Comme nous tous ici, je souhaite de tout mon coeur que cette crise n’aille pas trop loin, qu’elle ne soit pas la crise de trop. Notre pays est fragilisé, il doute de lui-même, à tous les niveaux, et se revoit profondément remis en cause, jusque dans son ADN même : son agriculture, sa capacité à nourrir sa population et à entretenir son territoire.

La réponse viendra peut-être à l’occasion de la prochaine élection présidentielle, si par bonheur certains des candidats s’engagent à sauver l’agriculture de France. Nous n’avons pas réussi à sauver notre industrie. Nous aurions pu imaginer que c’était là le fait d’un équilibre bien réfléchi : aux Allemands, aux Néerlandais, à nos frères du centre de l’Europe, l’industrie ; à la France, à l’Italie et à l’Espagne, l’agriculture. Pourtant, l’agriculture vit exactement le même processus que celui qui a conduit à la perte de l’industrie. La moitié des fermes qui nous restaient il y a encore dix ans ont disparu, et il serait trop douloureux de rappeler qu’il y en avait presque deux millions en 1970 !

C’est bien le candidat qui s’engagera à sauver l’agriculture qui pourra remporter l’élection présidentielle. Comme je le rappelais récemment à cette tribune à propos de la pêche, nous nous sommes laissés prendre par la construction européenne. Nous aurions dû continuer de défendre, comme nous l’avions fait au début, notre singularité. Aujourd’hui, nous n’avons plus les moyens de le faire. Le prochain Président de la République devra engager toutes ses forces pour faire tomber la bureaucratie, dont le poids s’est alourdi par couches successives, y compris en France.

Il faut enfin prendre en compte le fait que l’agriculture est une globalité : il ne s’agit pas uniquement de produire, mais aussi d’entretenir un territoire. Or celui-ci est aujourd’hui déstructuré par une réforme absurde, qui signifie la fin des communes, la fin de toutes les organisations territoriales.

Pour l’unité collective, pour nos compatriotes qui souffrent tant, je voterai ce texte, en espérant qu’il sera le prélude à la grande réflexion que nous devons avoir.

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