Madame la présidente, madame la ministre, madame la présidente de la commission, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, les centres de formation des apprentis et les lycées d’enseignements professionnels constituent des dispositifs complémentaires qui ont réussi à s’imposer au fil du temps pour devenir deux véritables branches structurées, efficaces et reconnues de l’apprentissage. Même si des difficultés liées aux orientations par défaut subsistent, il faut reconnaître que, depuis plusieurs années, notre pays a valorisé ces filières et que certains établissements sont devenus de véritables fleurons de notre système éducatif, comme l’attestent les différents labels qui leur sont délivrés : « Lycée des métiers » ou « Label qualité » pour les centres de formation d’apprentis.
D’ailleurs, le Président de la République vient de renforcer les lycées professionnels en annonçant la création de 1 000 nouveaux postes spécialement dévolus. Il a affirmé également la volonté de faire de l’apprentissage un levier efficace de lutte contre le chômage des jeunes au regard de la politique menée en ce sens par nos partenaires européens.
Nous constatons tous les jours, dans nos circonscriptions, la nécessité de promouvoir un enseignement professionnel de qualité, qui se doit de déployer, de son côté, de véritables conventionnements, partenariats et coopérations avec le monde de l’artisanat et de l’entreprise. Les régions doivent y prendre toute leur place, suivre et parfois devancer ces évolutions. Nul ne peut contester que l’enseignement professionnel, dans son acception la plus large, doit être en adéquation avec les besoins futurs du secteur privé et du secteur public.
Si le système fonctionne, il connaît aussi des difficultés : plusieurs d’entre vous l’ont relevé. Il a toutefois fait ses preuves. Il faut lui permettre de mieux répondre aux besoins des élèves et des entreprises. En proposant la fusion des centres de formation d’apprentis et des lycées professionnels, cette proposition de loi revient, en réalité, à commettre plusieurs erreurs qui pourraient se révéler fatales pour l’enseignement professionnel et l’apprentissage dans leur ensemble. En effet, ces deux modes d’enseignement sont radicalement différents dans leur pédagogie, dans leur fonctionnement, dans leur statut et dans leur approche même de l’apprentissage. Il convient donc de les distinguer, de les différencier, de les conforter et de les renforcer pour enrichir le choix des parcours des élèves.
Il faut développer les passerelles entre établissements afin de répondre à des temps de formation selon les circonstances, tel que l’a prévu la loi relative à la formation professionnelle du 5 mars 2014, tout en respectant les âges, comme nous le rappelle la directive européenne du 22 juin 1994. Il faut sans doute aussi rapprocher certaines séquences d’enseignement. Notre système éducatif s’est attaché, depuis plusieurs décennies, à permettre à chaque jeune de disposer d’un choix de formation le plus individualisé possible, pour assurer sa réussite en sa qualité de lycéen, d’étudiant ou d’apprenti. Cette offre diversifiée, qui constitue une richesse, se révèle indispensable. La spécificité des formations existantes et la multiplicité des acteurs ont d’ailleurs permis aux entreprises et aux artisans de connaître et de promouvoir les formations locales et d’y être associés. Cette proposition de loi s’oppose donc à la cohérence d’un système qui doit plutôt être soutenu et déployé.
Enfin, nous pourrions tous être d’accord, dans cet hémicycle, pour réaffirmer qu’il ne sert à rien d’abaisser l’âge d’entrée en filière professionnelle. Laissez le temps à chacun de se construire, de grandir et d’arriver à maturité, de découvrir et de faire ses expériences. Chaque jeune, chaque élève doit pouvoir bénéficier d’un enseignement général lui assurant un socle minimal de compétences. Tel est l’enjeu d’une politique éducative ambitieuse.
C’est pourquoi nous ne pouvons pas soutenir cette proposition de loi.