Si instaurer la déchéance de nationalité répond à la volonté d’exclure de la communauté nationale celui ou celle qui se livre à des actes de terreur contre les siens, alors cela paraît évident, surtout après ce que l’on a vécu ces derniers mois. Cela revient à rejeter celui qui se bat contre nos valeurs, celles qui nous définissent en tant que groupe, qui nous organisent et nous rassemblent depuis des siècles. Et c’est bien a priori le seul intérêt de la mesure qui nous est proposée : rejeter du groupe ceux qui sont d’ores et déjà hors du groupe, ceux qui l’ont déjà quitté, ceux dont l’allégeance est ailleurs, auprès du fantasme, d’un ordre nouveau où la violence et la barbarie font loi.
La déchéance de la nationalité comme mesure préventive n’est malheureusement pas une mesure protectrice. Elle n’est ni dissuasive ni punitive pour ces individus qui se sont déjà placés en dehors de la communauté nationale. D’ailleurs, la première idée qu’on leur inculque, c’est qu’ils n’ont pas leur place en France, qu’ils ne sont pas et qu’ils ne seront jamais français. Où est donc l’utilité d’une telle disposition ?
Reste le symbole, mais lequel ? Celui de notre incapacité à nous occuper de ceux de nos ressortissants qui ont franchi la ligne rouge ? Sommes-nous démunis au point de devoir renvoyer à d’autres le soin de nous mettre à l’abri de ces individus ?
La déchéance de la nationalité est le symbole de la division, cela a déjà été dit. Devons-nous inscrire dans le recueil de nos principes fondamentaux le symbole d’une différence entre les Français ? N’inscrivons pas dans notre Constitution comme principe fondamental de la République un symbole de scission, de rejet, de division, source d’insécurité pour certains de nos concitoyens.
Comment imaginer que les valeurs qui fondent notre République ne soient plus celles de rassemblement et d’union ? Comment faire nation quand le message que nous envoyons avec la déchéance de la nationalité est de créer plusieurs catégories de Français ? Comment retrouver la paix après l’année que nous avons vécue, qui nourrit la suspicion, la peur et l’inquiétude ? Quelle est l’utilité de ce symbole, qui n’est en réalité qu’un épouvantail inefficace ?