Cette question s’adresse à Mme la ministre des affaires sociales et de la santé.
« Recherche médecin désespérément » : tel est le titre de l’annonce que nombre de maires de communes rurales comme urbaines pourraient diffuser, car l’installation des médecins est devenue un véritable casse-tête pour les élus et pour les populations qu’ils représentent. La tendance s’alourdit d’année en année, et aggrave la désertification de nos campagnes et de nos quartiers. D’abord circonscrite au milieu rural, cette situation concerne désormais tous les territoires. Chaque député a eu connaissance, dans sa circonscription, de ce genre de difficultés.
Permettez-moi de citer un exemple emblématique dans ma circonscription : la commune d’Athies, qui compte 660 habitants. Le maire est totalement mobilisé pour trouver un remplaçant au médecin qui vient de partir à la retraite. Il a alerté à plusieurs reprises l’agence régionale de santé, et a lancé un appel plus large pour éviter l’irréparable, sans succès pour le moment.
Ce cas est loin d’être isolé. Avec 231 médecins pour 100 000 habitants, la densité médicale de l’ex-région Picardie est la plus faible. L’inégalité territoriale est flagrante, quand on songe que la région Provence-Alpes-Côte-d’Azur compte 352 médecins pour 100 000 habitants, soit quasiment 50 % de plus !
Certes, vous me répondrez que le « pacte territoire santé 2 » prévoit des mesures pour lutter contre ce fléau. 1 000 généralistes ou autres spécialistes devraient s’installer dans un territoire fragile grâce aux contrats de praticien territorial de médecine générale d’ici 2017. Le numerus clausus est augmenté de 6,4 %, et ciblé sur dix régions manquant de médecins. Pour la Picardie, il est augmenté de 4 %, ce qui représente huit places supplémentaires.
Ces mesures vont dans le bon sens, mais elles sont trop timides pour répondre au défi majeur de la démographie médicale dans notre pays – spécifiquement dans ma région. Alors que 80 % des jeunes médecins s’établissent dans la région dans laquelle ils ont été formés, le concours de l’internat national favorise le déracinement des étudiants par rapport à leur région de formation. Le système lui-même entretient et aggrave la fracture médicale et les inégalités d’accès aux soins ; parallèlement, les professionnels de santé restent peu enclins à contribuer volontairement au rééquilibrage de la démographie médicale. Un sondage commandité par le conseil national de l’Ordre des médecins montre que 63 % des étudiants et 60 % des jeunes médecins n’envisagent pas de s’installer en zone rurale, en raison des fortes exigences de disponibilité requises et de l’isolement de ces zones.
Il nous faut donc, madame la secrétaire d’État, repenser notre modèle de santé de proximité, et entrer dans une nouvelle dimension d’action. Il y a vraiment urgence ! L’article L. 1110-1 du code de la santé publique dispose que « le droit fondamental à la protection de la santé doit être mis en oeuvre par tous moyens disponibles au bénéfice de toute personne. » Par ailleurs, aux termes du onzième alinéa du préambule de la Constitution de 1946, qui fait partie du bloc de constitutionnalité, la Nation doit garantir à tous la protection de la santé.
Madame la secrétaire d’État, quelles sont les mesures complémentaires que le Gouvernement entend prendre afin de répondre à cet enjeu de santé publique et lutter plus efficacement contre les déserts médicaux ?