Monsieur le député, je comprends votre impatience. Je souhaite néanmoins replacer le problème dans son contexte. Pour cela, je vous ferai part de mon expérience en tant qu’étudiante en médecine aux cours des années 1990. À cette époque, tout le monde savait qu’il y aurait, à partir de 2010, un manque cruel de médecins en France. Ces prédictions sont avérées : il y a bien, aujourd’hui, un manque cruel de médecins dans notre pays, que ce soit dans les hôpitaux, dans les établissements publics, ou en médecine de ville. Je dis cela pour rappeler que ce problème date d’il y a plus de vingt ans, qu’il est structurel : ce n’est donc pas par des mesures d’urgence qu’on pourra le résoudre !
Le « pacte territoire santé », qui a été lancé il y a trois ans, est largement reconnu. Il a permis d’impulser une dynamique nouvelle dans des zones en difficultés. À la fin de l’année 2015, Marisol Touraine a ouvert une nouvelle phase avec le « pacte territoire santé 2 », pour conforter les premières avancées et intégrer de nouvelles initiatives.
Parmi ces initiatives, il y a les contrats de praticien territorial de médecine général et la hausse ciblée du numerus clausus. Il y a aussi des mesures structurantes pour que des jeunes s’installent dans les territoires qui manquent de professionnels, comme le vôtre. Je pense notamment aux stages en cabinet réalisés au cours de la formation, qui sont essentiels pour faire connaître et apprécier l’exercice dans les zones considérées comme fragiles. Mme la ministre de la santé et des affaires sociales s’est engagée à ce que d’ici 2017, tous les étudiants de deuxième cycle accomplissent un stage de médecine générale. Cet effort portera aussi sur la pratique de stages ambulatoires dans les spécialités qui sont difficiles à pourvoir, comme la gynécologie médicale, la pédiatrie, la dermatologie ou l’ophtalmologie.
Ensuite, le développement des maisons et des centres de santé permet de répondre aux attentes des professionnels, en particulier des jeunes médecins qui veulent exercer autrement. Il y avait 174 maisons de santé pluri-professionnelles en 2012, nous en sommes à près de 800 fin 2015 !
Cette mobilisation se fait sentir dans la région Nord-Pas-De-Calais-Picardie : 51 maisons de santé sont ouvertes, et 106 projets font l’objet d’un accompagnement. L’ARS a également pris des mesures destinées aux maîtres de stage, en proposant des indemnités de compensation pour les jours de formation. Par ailleurs, plusieurs maisons de santé sont déjà implantées dans les communes environnant Athies afin de répondre aux besoins de la population.
Monsieur le député, je comprends et je partage votre impatience, mais il s’agit de mesures structurantes : c’est dans la durée que nous mesurerons la portée de ces efforts.