Monsieur le ministre de l’agriculture, la crise que subissent nos agriculteurs est d’une extrême gravité comme le montrent les terribles tragédies qu’elle peut engendrer. Elle ne doit pas servir de prétexte à des affrontements politiciens où chacun se renvoie la responsabilité de la situation. Notre groupe a voté la loi marquant une indispensable orientation vers l’agroécologie et soutenu les mesures d’accompagnement des éleveurs. Nous soutenons aujourd’hui votre volonté de faire bouger l’Europe en rétablissant des outils de régulation.
Mais nous savons bien que toute solution durable passe par une réorientation de la politique agricole commune en sortant les produits agricoles des dogmes de la libre concurrence. La recherche sans fin de la compétitivité massacrera autant nos exploitations familiales que la qualité de nos productions et nos territoires ruraux. Il faut garantir, et dans la durée, des prix d’achat à la production rémunérant le travail paysan. Cela ne peut pas se faire simplement par des négociations avec les entreprises de la distribution et de la transformation, et pas davantage par une contractualisation qui se révèle toujours inéquitable.
Voilà pourquoi nous réclamons, avec constance, le rétablissement de mécanismes de garantie des prix et d’encadrement des marges, comme pouvait l’être jusqu’en 1986 le coefficient multiplicateur. La situation impose de fixer des prix plancher et de maîtriser les marges dans chaque filière ; elle nécessite de ne plus tirer vers le bas le prix des produits alimentaires pour masquer la baisse des revenus des consommateurs.
Dès lors, monsieur le ministre, quelle est votre action concrète au sein de l’Union européenne pour sortir l’agriculture des règles de la concurrence et faire admettre qu’un produit alimentaire n’est pas une marchandise comme une autre ? Quelles mesures législatives concrètes êtes-vous prêt à présenter pour garantir des prix d’achat aux agriculteurs, et dans quels délais ?