Intervention de Emmanuel Macron

Séance en hémicycle du 17 février 2016 à 15h00
Questions au gouvernement sur des sujets européens — Dumping commercial

Emmanuel Macron, ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique :

Monsieur le député, vous avez raison de rappeler l’importance de la sidérurgie européenne, car elle est le ciment même de l’aventure politique européenne. Aujourd’hui, ce sont 330 000 personnes qui sont directement employées par ce secteur, ce qui revient à dire que la sidérurgie concerne des millions de citoyens européens. Il y a vingt ans encore, nous produisions 50 % de l’acier mondial ; aujourd’hui, notre production n’en représente plus que 15 % : c’est la Chine qui occupe la position dominante.

Depuis un an, la Chine déverse sa surproduction sur nos marchés, en cassant les prix ; certains laminés ont perdu 50 % de leur valeur. Alors même que notre industrie sidérurgique a beaucoup souffert et qu’on lui a demandé beaucoup d’efforts au cours des dernières années, elle est aujourd’hui soumise à une concurrence profondément déloyale.

Face à cette situation, la réponse ne peut être qu’européenne.

D’abord, il faut inscrire le sujet à l’agenda du G20 – ce qui a été fait – et engager une démarche auprès de la Chine ; c’est ce qu’a fait, à notre demande, la commissaire européenne Malmström, qui a écrit aux dirigeants chinois pour leur demander de réduire leur production – ce qui est la meilleure réponse structurelle à apporter.

Ensuite, dès le mois de novembre dernier, nous avons, avec Matthias Fekl, défendu au sein de nos conseils respectifs la position française, qui consiste à réactiver les mesures anti-dumping. On peut faire beaucoup avec le droit existant, et nous avons incité la Commission européenne à agir en ce sens. J’ai moi-même écrit au début du mois de février au président de la Commission et aux commissaires compétents, en mobilisant onze autres États membres, qui ont signé cette lettre. À la suite de cette démarche, nous avons pris des mesures provisoires sur les laminés à froid, avec de premières sanctions, et la Commission a engagé d’autres démarches concernant d’autres laminés.

Matthias Fekl et moi continuerons notre action au sein des deux conseils pour que des mesures soient prises plus rapidement. Aux États-Unis, cela prend deux mois, en Europe, neuf mois : il faut aller plus vite, moderniser les choses. On demande, au nom de l’Europe, beaucoup d’efforts ; mais ceux-ci n’ont de sens que si l’Europe protège. C’est cela, notre combat !

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion