Intervention de Sandrine Doucet

Séance en hémicycle du 17 février 2016 à 15h00
Débat de contrôle sur la politique nationale en matière d'enseignement supérieur

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandrine Doucet :

Madame la présidente, madame la ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche, monsieur le secrétaire d’État chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche, mes chers collègues, nous débattons aujourd’hui de notre politique nationale en matière d’enseignement supérieur, dont les principaux objectifs consistent à démocratiser l’accès à cet enseignement et à favoriser la réussite de nos étudiants, tout en renforçant sa visibilité internationale et son incidence sur la compétitivité globale de notre économie.

La stratégie nationale de l’enseignement supérieur – StraNES – doit être un projet, une composante-clé de la nouvelle approche de notre majorité pour l’État stratège, concernant l’enseignement supérieur. Il ne s’agit pas d’un exercice pour un secteur particulier, mais d’une stratégie dont les effets concernent toute la société.

Le rôle de l’État n’est pas de réguler un marché concurrentiel de l’enseignement supérieur où, sous couvert d’excellence, la mise en compétition tiendrait lieu de seule vision stratégique.

C’est dans cette perspective, faire de la France « une société apprenante », que le ministère de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche a conduit ses travaux afin de lancer les premiers chantiers de mise en oeuvre de la StraNES.

Parce que celle-ci pose des objectifs ambitieux pour 2025, c’est dès aujourd’hui qu’il convient d’agir. Cette stratégie peut se décliner au niveau des apprenants, au niveau des sites et dans le cadre de projets d’ambition internationale.

Il s’agit d’oeuvrer à ces trois niveaux pour que la démocratisation ne soit pas la massification, que l’excellence ne soit pas un élitisme exclusif et que l’ambition mondiale ne se limite pas à une âpre concurrence entre chercheurs et universitaires.

La meilleure des réponses, qui émane du rapport, s’appelle l’innovation.

Innovation pour les apprenants par le biais de la révolution numérique, notamment via les massive open online courses, les MOOC. Pas moins d’1,2 million d’étudiants y sont inscrits, dont 18 % hors de France.

Innovation et simplification dans la lisibilité des formations, en passant par exemple de 322 mentions de licence à 45.

Innovation et ambition en faisant de l’enseignement supérieur le lieu fort de la formation tout au long de la vie. Dans le cadre de la stratégie 2020, la Commission européenne a fixé un objectif : 15 % d’adultes en formation. En 2011, cinq pays européens avaient dépassé ce chiffre. La France n’en était qu’à 6 %.

Innovation et excellence encore en favorisant le recrutement de docteurs par la loi de 2013.

Innovation enfin avec la politique de site, affirmée et institutionnalisée par la loi de juillet 2013. L’enjeu est de disposer d’ensembles visibles et compétitifs au niveau mondial, dans un environnement de concurrence accrue.

Attention cependant : nous ne devons pas oublier que ce qui donne du sens à la politique de site, c’est le projet, au service des étudiants, des partenariats, de la recherche. Ce projet ne doit pas se limiter à concourir uniquement aux investissements d’avenir. L’innovation pédagogique doit être le nouveau paradigme de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Voilà qui me conduit à évoquer, après les apprenants et les sites, l’internationalisation de notre politique éducative.

L’Europe a choisi, depuis longtemps, de placer la société de la connaissance au coeur de sa vision politique. Ainsi, un objectif a été fixé en 2000 à Lisbonne pour porter l’intensité de la recherche en Europe à 3 % du PIB.

Cet objectif, s’il n’est pas atteint, a néanmoins constitué une référence importante pour les pays européens. En revanche, aucun objectif n’existe pour l’enseignement supérieur.

On doit donc au rapport de la StraNES d’avoir proposé que l’objectif soit que l’Europe consacre 2 % de son PIB à l’enseignement supérieur, afin que l’Union constitue un ensemble visible du point de vue international.

À la suite de la résolution européenne que nous avons adoptée en juin 2015, il a également été décidé d’oeuvrer pour que ces investissements soient exclus des dépenses d’investissements qui engendrent des effets budgétaires positifs, ce qui est bien le cas de l’enseignement supérieur.

Mais cette ambition de toujours se maintenir au plus haut rang par un financement adéquat doit aussi se conjuguer, dans un objectif de rayonnement, à une mobilité entrante et sortante dynamique des étudiants qui ont fait de notre sol le lieu de leur savoir.

Il y a aujourd’hui 4 millions d’étudiants en mobilité dans le monde, et il est prévu que ce nombre atteigne 7,5 millions en 2025. La France doit donc travailler à cet objectif en permettant à tous les apprenants du supérieur – j’emploie à dessein le mot d’« apprenants » pour bien signifier que l’université ne doit pas s’ouvrir aux seuls étudiants, mais aussi à tous ceux qui veulent y trouver une formation tout au long de la vie – de trouver la meilleure formation qui soit par des pratiques innovantes et reliées à l’emploi. En faisant de l’enseignement supérieur, grâce à la politique de site, le lieu qui conjugue démocratisation, simplification et efficacité, et en améliorant sa visibilité à l’international, la StraNES renoue avec une vision démocratique et ambitieuse de l’enseignement supérieur.

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