Intervention de Sophie Dion

Séance en hémicycle du 18 février 2016 à 9h30
Questions orales sans débat — Plan pour l'emploi en haute-savoie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Dion :

Madame la ministre du travail, de l’emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, le chômage n’épargne malheureusement aucun territoire. La vallée de l’Arve, la vallée du Giffre et le pays du Mont-Blanc, en Haute-Savoie, ne font pas exception. Dans le bassin de Cluses, le taux de chômage atteint 9,7 %, affichant une hausse de 2,5 points en 2015. Quant au bassin de Sallanches, la progression du chômage y est encore plus forte, avec une augmentation de 6,8 % l’an passé. Tous les secteurs économiques sont touchés.

Pour inverser la courbe du chômage, le Gouvernement propose un plan d’urgence pour l’emploi, avec une augmentation des formations pour les chômeurs, des mesures pour l’apprentissage et des aides à l’embauche pour les petites et moyennes entreprises – PME. Cependant, les chefs des entreprises qui composent le tissu économique de ces vallées haut-savoyardes ne sont pas convaincus par ces mesures, pour la simple raison qu’en réalité, ils n’en bénéficieront pas. Ils auraient préféré, comme beaucoup d’autres chefs d’entreprise, une exonération des cotisations sociales patronales pour tout nouveau recrutement.

En ce qui concerne la prime à l’embauche, valable uniquement jusqu’au 31 décembre 2016, une entreprise s’est trouvée dans l’impossibilité d’en bénéficier, car elle avait embauché un salarié le 1er janvier, alors que le dispositif n’était applicable qu’à partir du 18 janvier. C’est regrettable. Au surplus, et de manière générale, les entreprises de ces vallées n’en bénéficieront pas, car cette prime est limitée à certains postes.

Deuxième exemple : en matière de formation pour les chômeurs, quel sera l’impact du dispositif du plan emploi sur le financement des formations existantes ? J’en donnerai une illustration concrète : un groupement d’employeurs créé par l’ensemble des acteurs du décolletage propose déjà aux demandeurs d’emploi des formations longues – de 300 à 400 heures – et diplômantes, avec un emploi pérenne à la clé, aujourd’hui financées par les entreprises et les organismes paritaires collecteurs agréés – OPCA. Ces formations longues seront-elles toujours financées ou votre plan pour l’emploi ne financera-t-il que des formations courtes, dans le seul but de faire baisser les statistiques du chômage ?

Troisième exemple : alors que chacun sait que l’apprentissage est une voie d’excellence pour permettre aux jeunes d’accéder à un premier emploi et au marché de l’emploi, la filière du décolletage est très fortement mobilisée pour attirer les talents et transmettre les savoir-faire. Plus de 80 % des apprentis trouvent un emploi à l’issue de leur formation. Encore faut-il qu’ils restent, à l’issue de cette formation, dans l’entreprise qui les a formés et ne soient pas attirés par des salaires trop élevés, notamment dans les pays frontaliers.

Vous proposez d’augmenter le nombre des contrats de professionnalisation, le portant à 50 000, contre 8 000 actuellement, et d’apporter un soutien financier, sur le modèle des emplois aidés. Encore des contrats aidés ? À quand une vraie politique de valorisation de l’apprentissage ?

Voilà, madame la ministre, les questions auxquelles les entreprises qui portent la compétitivité attendent des réponses précises et concrètes.

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