Intervention de Élisabeth Guigou

Réunion du 10 février 2016 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente :

Nous accueillons ce matin avec grand plaisir M. Nikolaus Meyer Landrut, ambassadeur d'Allemagne en France.

Je vous remercie beaucoup, monsieur l'Ambassadeur, d'avoir répondu à notre invitation. Nous vous écouterons avec intérêt et amitié, car nous tenons beaucoup à l'amitié franco-allemande. Je tiens d'abord à vous adresser, au nom de toute la commission, mes sincères condoléances pour le terrible accident ferroviaire qui a frappé le Sud de l'Allemagne hier. Il a fait de nombreuses victimes et constitue une tragédie.

Nous sommes convenus de centrer nos premières questions sur la situation intérieure en Allemagne et les relations entre nos deux pays, en y incluant la question de savoir ce que nous pouvons faire ensemble. Il y a toujours eu des différences d'approche et de méthode entre nos deux pays, mais également la volonté de surmonter ces différences, car nous savons que nous sommes interdépendants et que, dans l'Union européenne, et plus largement sur le plan européen, rien ne peut se faire s'il n'y a pas d'accord entre la France et l'Allemagne.

J'ai naturellement bien noté que, samedi dernier, le président François Hollande et la chancelière Angela Merkel ont affiché, à Strasbourg, une ligne commune, tel est le mot qu'ils ont employé, sur les dossiers des réfugiés et du « Brexit » britannique – espérons d'ailleurs qu'il s'agisse plutôt d'un « Brexin ». Ils ont ainsi manifesté leur volonté de mener un dialogue étroit et exigeant entre nos deux pays, en vue d'arriver à une position commune au Conseil européen qui doit se tenir la semaine prochaine.

Dans le cadre de rencontres régulières, une délégation de notre commission se rendra à Berlin la semaine prochaine, pour une réunion avec nos homologues du Bundestag. Elle portera, en accord avec le président de la commission Norbert Röttgen, sur les crises dans le voisinage est et sud de l'Union européenne, y compris la crise migratoire, et sur le rôle capital du moteur franco-allemand dans leur résolution.

Ce matin, nous avons fait le choix d'évoquer avec vous la situation intérieure de l'Allemagne. Car elle éclaire ses positions sur les grands dossiers européens et internationaux.

Nous aborderons évidemment la question des réfugiés. Nos collègues connaissent bien les chiffres : le nombre de réfugiés accueillis en 2015 s'est élevé à plus d'1,1 millions de personnes ; 92 000 nouvelles entrées ont été enregistrées en janvier. C'est un effort considérable. Nous avons constitué un groupe sur les migrations, que je préside. Selon les informations que nous avons recueillies dans ce cadre, un autre million de réfugiés serait sur le point d'arriver à partir du printemps. Votre ministre de l'intérieur, M. Thomas de Maizière, a annoncé le maintien des contrôles aux frontières allemandes pour une période indéterminée. Vous nous direz comment l'opinion publique et son propre parti perçoivent la politique migratoire de la chancelière Angela Merkel, qui continue de plaider pour des solutions européennes et internationales.

À l'approche d'élections régionales importantes, en mars, il semblerait que la CDUCSU enregistre un tassement des intentions de vote, qui profiterait principalement à la formation eurosceptique « Alternative pour l'Allemagne ». Comment analysez-vous ces sondages et l'évolution de l'opinion publique ? N'y a-t-il pas en Allemagne, tout comme en France d'ailleurs, non seulement un essoufflement de l'élan européen, mais un euroscepticisme croissant ?

Bien sûr, nous aborderons aussi les questions macro-économiques, qui nous semblent essentielles. Nous connaissons l'écart qui sépare en ce domaine la France et l'Allemagne ; il n'est pas à notre avantage. En 2015, l'excédent commercial de l'Allemagne a atteint le niveau record de 217 milliards d'euros. Se pose régulièrement à l'Assemblée nationale la question du niveau des investissements publics en Allemagne, mais aussi de la mise en oeuvre du salaire minimum dans votre pays. Nous connaissons bien les différences d'approche entre nos deux pays. Il ne saurait être question en Allemagne, où la tradition du dialogue social est très forte, de prendre sans concertation, mais dans un esprit coopératif sur le plan extérieur, des mesures de soutien à la croissance en Europe, qui est très atone.

Enfin, j'en viens à la revue de la politique étrangère allemande, menée par M. Frank-Walter Steinmeier, que nous avons entendu ici. Il plaide en faveur d'une meilleure réactivité aux crises et d'une plus grande participation à l'ordre international. Cependant, l'opinion publique allemande demeure largement réticente à un engagement accru de l'Allemagne sur la scène internationale.

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