Intervention de Thierry Mariani

Réunion du 10 février 2016 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Mariani :

J'ai été président de la commission des migrations de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe durant deux années. Quand j'entends les chiffres que vous donnez et ceux que donne notre présidente, je me rends compte que nous allons vers une catastrophe. Depuis des mois, l'on répète qu'il faut prendre des mesures d'urgence… L'an dernier, 1,1 millions de migrants sont arrivés en Europe, et 92 000 en janvier de cette année. Selon certaines ONG, il faut s'attendre à deux millions ou deux millions et demi de nouvelles arrivées en 2016, à partir du mois d'avril. Si tel est le cas, nous devons craindre une réaction catastrophique de l'opinion publique allemande comme de l'opinion publique française. Ce sera la fin de l'Europe.

Vous nous dites d'abord que, sur les 160 000 migrants devant être redistribués au niveau européen, seulement 300 cas ont été traités. Quelle naïveté ! Comment peut-on croire que les migrants vont repartir ? Tout le monde sait que l'installation de centres spéciaux d'enregistrement ou hotspots n'a pour autre objectif que de dissimuler notre inaction. Vous nous dites ensuite que beaucoup de migrants viennent aujourd'hui d'Algérie, du Maroc et de Tunisie : nous sommes loin du théâtre des opérations en Syrie ! En ne se défendant pas, l'Europe porte une responsabilité terrible. Par ses déclarations, la chancelière Angela Merkel porte une lourde responsabilité devant l'Histoire pour avoir créé un appel d'air qu'il n'est plus possible d'arrêter. Que faire aujourd'hui pour arrêter cet afflux aux frontières ? La création de centres d'enregistrement ne résout rien, car les migrants s'échappent et passent dans la clandestinité. Je crains que n'ayons à faire dans six mois le même constat, voire un constat pire encore s'agissant des chiffres.

J'en viens à la situation en Ukraine. Votre homologue danois a remarqué il y a quelques jours que ce pays ne respecte pas les accords de Minsk, notamment en ce qui concerne l'autonomie des territoires de l'Est et l'adoption de lois de décentralisation. Ces accords constituaient pourtant un succès obtenu grâce à nos deux pays. Même s'il faut déplorer des violations du cessez-le-feu imputables en majorité au côté russe, il me semble que le blocage institutionnel vient du côté ukrainien. Dans ces conditions, pourrons-nous maintenir éternellement nos sanctions contre la Russie ? Nous savons bien que la partie ukrainienne, qui ne dispose même plus de majorité au sein de son propre parlement, ne tiendra jamais l'engagement d'autonomie des territoires de l'Est contenu dans les accords de Minsk.

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