Intervention de Laurent Arthaud

Réunion du 18 février 2016 à 9h00
Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Laurent Arthaud, directeur du pôle Investissement Biotech et écotech de Bpifrance :

Le fonds Écotechnologies, créé en juin 2012, est un fonds de 150 millions d'euros issus du PIA destiné à investir, en cinq ans – soit la période d'investissement d'un fonds –, dans une quinzaine d'entreprises. Son objectif est en effet d'éviter le saupoudrage et de réaliser, dans un nombre réduit d'entreprises, des investissements en capital suffisamment importants pour qu'elles puissent se développer. En tant que fonds de capital-risque, nous investissons dans des entreprises qui développent des technologies nouvelles, qui n'ont pas de chiffre d'affaires au moment nous prenons des participations dans leur capital et dont nous finançons, en définitive, la recherche et développement – en espérant, bien entendu, que ces technologies trouveront rapidement un débouché commercial.

La spécificité du métier d'investisseur est d'entrer au capital d'une société puis de l'accompagner dans la durée, notamment en participant au tour de table suivant. Nous pouvons ainsi investir 5 millions dans une entreprise en 2012, puis investir à nouveau dans le cadre d'un nouveau tour de table en 2015 et prévoir un investissement supplémentaire de 2 ou 3 millions selon le développement de la société. Nous accompagnons donc le chef d'entreprise dans son développement technologique puis commercial.

À ce jour, nous avons réalisé, depuis la création du fonds, il y a trois ans et demi, onze opérations – ce qui correspond au rythme prévu –, opérations dont je vais citer quelques exemples. Nous avons ainsi investi dans la société Nénuphar, laquelle développe une technologie d'éoliennes flottantes à axe vertical qui présentent l'avantage d'être invisibles depuis la côte et de ne pas nécessiter la pose d'un tube de béton au fond de l'eau.

Nous investissons également, depuis trois ans, dans la société McPhy, qui a développé une technologie de stockage d'hydrogène sous forme solide – il s'agit d'hydrures métalliques – dans une galette de la taille d'une pizza qui équivaut à 400 m3 d'hydrogène à l'état gazeux. Le système de captage utilisé est d'un usage plus facile que la compression traditionnelle et permet, par exemple, de stocker l'électricité produite le jour par des panneaux solaires pour pouvoir l'utiliser la nuit. Dans cette société, nous avons investi 5 millions lors du premier tour de table, puis 2,5 millions en 2014, au moment de son introduction en bourse, laquelle a donné à la société une visibilité qui lui a permis de trouver quelques marchés à l'étranger, notamment en Allemagne.

Dernier exemple : la société Aledia, qui développe des LED de nouvelle génération fabriquées sur des supports non plus en saphir mais en silicium. Cette technologie permet d'améliorer la qualité des ampoules et, surtout, d'en diminuer le coût de fabrication. Elle n'est pas encore mûre, mais nous allons accompagner la société dans la durée. Nous avons participé à hauteur de 7 millions à un tour de table de 28 millions. Il s'agit donc de montants importants, mais l'objectif de ce fonds de 150 millions est d'investir environ 10 millions dans une quinzaine d'opérations.

Je précise, avant que nous n'abordions les fonds de fonds, que Bruxelles nous demande d'agir en investisseur avisé, ce qui signifie que le fonds Écotechnologies ne peut investir aux tours de table des sociétés qu'en accompagnement de fonds privés. Il s'agit, du reste, d'une des limites du dispositif, car peu d'acteurs privés investissent dans le secteur des écotech, ou cleantech.

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