Intervention de André Chassaigne

Séance en hémicycle du 23 janvier 2013 à 21h30
Questions à m. le ministre du redressement productif sur la politique industrielle — Reprise des questions

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

En cas de difficultés conjoncturelles, les entreprises pourront imposer une baisse des salaires, une hausse ou une diminution de la durée du travail, et des mutations qu'il ne sera plus possible de refuser. Carlos Ghosn et la direction de Renault sont passés très vite aux travaux pratiques : le 15 janvier, après avoir annoncé une réduction de près de 8 000 postes d'ici à 2016, le groupe Renault s'est livré au chantage à l'emploi. Si aucun accord de compétitivité n'est trouvé avec les organisations syndicales, il y aura des fermetures de sites et un plan social. Ce que la direction appelle « accord de compétitivité » se résume à une baisse des salaires, une augmentation du temps de travail et une remise en cause des acquis sociaux.

Alors que la trésorerie de Renault et les bénéfices réalisés permettent de continuer de verser des millions d'euros aux actionnaires – c'est le coût du capital –, on demande aux salariés de porter seuls les efforts de compétitivité. Pourtant, ce n'est pas le coût du travail qui pèse sur les résultats, mais bien plus le coût du capital avec les profits massivement versés aux actionnaires au détriment de l'emploi.

Renault et les constructeurs français pâtissent d'une baisse importante des ventes de voitures particulières et utilitaires. Pourquoi ? Essentiellement parce que les Français s'appauvrissent et parce que l'économie ralentit. Pour preuve : le marché du véhicule d'occasion – 4,5 millions de véhicules par an – n'a jamais été aussi dynamique, et pour les véhicules de luxe, les résultats restent stables.

Monsieur le ministre, les solutions pour lutter contre le démantèlement du secteur de l'automobile impliquent un changement de cap industriel et une relance économique par l'augmentation des salaires et du pouvoir d'achat. Allez-vous défendre le cap d'une politique industrielle ambitieuse ? Mais défendre une politique industrielle ambitieuse ne consiste pas, selon moi, à entériner un accord qui n'est pas représentatif.

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