Monsieur le ministre, deux lois pour lutter contre le terrorisme, une loi sur le renseignement, deux lois relatives à l’état d’urgence, une réforme constitutionnelle : voici la septième loi sur le même sujet !
Elle est d’ailleurs ambitieuse, touffue, et concerne des sujets extrêmement divers – d’où l’absence de cohérence dont elle souffre, ce qui contribuera assez vite à révéler ses limites dans la lutte hélas concrète et quotidienne contre le terrorisme islamique.
Que l’on comprenne bien le sens de ma critique ! Par définition, les sociétés démocratiques vivant comme la nôtre en paix depuis plus d’un demi-siècle, psychologiquement peu préparées à la guerre et à sa violence – le philosophe Marcel Gauchet évoque le « pacifisme radical » de la société française, et il n’a pas tort – peinent à basculer du jour au lendemain de l’état de paix – donc de la protection des libertés – à la déclaration de guerre que le Président de la République a lui-même annoncée.
Comment trouver la voie étroite entre le respect des libertés, auquel nous sommes tous attachés, et la défense de nos concitoyens et la guerre contre les djihadistes ?
D’où cette impression de tâtonnement, cette succession de textes législatifs qui se superposent les uns aux autres au fil des événements et des attentats, comme si le Gouvernement – à l’image de nos services de sécurité – courait après l’événement plutôt que de le prévenir.
Je crois également comprendre que les préoccupations politiques sont réelles : vous devez sortir de l’état d’urgence le plus vite possible, mettre fin aux soubresauts de la gauche et aux recours juridiques.
Il faut donc trouver les moyens de vivre avec des mesures d’exception en temps de paix, et c’est précisément ce que ce projet de loi tente de faire.
Certains points sont d’ailleurs bienvenus. Je n’ai pas le temps d’entrer dans les détails, mais je citerai l’usage des armes, la rétention temporaire, la fouille des bagages, la protection des témoins, les opérations de contrôle du financement du terrorisme : tout cela est bienvenu.