Intervention de B

Réunion du 9 février 2016 à 16h15
Mission d'information sur les moyens de daech

B, DGRIS :

Les financements étatiques peuvent être tracés mais les dons privés n'ont pas été contrôlés entre 2011 et 2012. À partir de 2012, l'État saoudien a mené une vraie politique d'encadrement et a effectué des contrôles de manière un peu plus sévère. Il y a eu des arrestations de prédicateurs et de personnes appartenant à des réseaux de soutien à des groupes armés tels que Daech et al-Nosra, des sommes d'argent ont été saisies, des groupes ont été interdits.

En Syrie, il existe en effet une très forte fragmentation des groupes armés. Al-Nosra, la franchise d'al-Qaïda, compte 8 000 à 10 000 combattants, très majoritairement Syriens. Même avec l'étiquette al-Qaïda, ce groupe développe une stratégie nationale. Il y a des divergences profondes et des confrontations entre al-Nosra et Daech. C'est ainsi que lors de la prise de Raqqa, al-Nosra avait l'avantage avant d'être expulsé par Daech. À la frontière libanaise, des affrontements ont eu lieu récemment entre les deux groupes pour le contrôle d'un axe stratégique qui peut permettre à Daech d'avoir une continuité depuis Raqqa.

La cartographie des groupes syriens est extrêmement complexe. Vous avez al-Nosra mais aussi des groupes islamo-nationalistes dont le plus important est Ahrar al-Sham qui compte plusieurs milliers de combattants, qui est très structurant, et qui est ouvertement soutenu par certains acteurs régionaux. Il existe aussi une demi-douzaine de groupes affiliés à al-Qaïda mais qui ne font pas partie d'al-Nosra, et qui sont essentiellement composés de combattants étrangers : Ansar al-Din, Jund al-Aqsa et autres.

Tous ces groupes sont dans une logique de coalition, à l'exception de Daech qui a un projet très exclusif. Ces coalitions doivent être observées région par région. C'est aussi ce qui fait la grande spécificité du théâtre syrien : on ne peut plus regarder le pays de manière globale, mais il faut observer le front nord, le front sud, la frontière libanaise, ce qui se passe à Damas, etc. Gouvernés par des chefs locaux différents, ces groupes n'ont pas forcément la même logique.

Au printemps 2015, la coalition d'Idlib, au nord-ouest d'Alep, s'est jointe à al-Nosra et ses coalisés pour défaire l'ASL. Certaines bases militaires de l'ASL étaient contrôlées par un ancien officier de l'armée syrienne qui avait reçu de l'armement donné par des pays étrangers. Les coalitions se sont emparées de ce matériel. C'est ainsi que des groupes appartenant à la mouvance al-Qaïda se sont retrouvés avec ce matériel donné. Le transfert de matériel vient aussi du fait que certaines puissances régionales se sont appuyées sur des groupes malheureusement faibles, non structurants, qui ont été vaincus. Actuellement, les groupes les plus importants sont effectivement islamo-nationalistes ou partisans d'un djihad global aux côtés d'al-Qaïda.

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