Intervention de Yves Fromion

Réunion du 16 février 2016 à 14h00
Mission d'information sur les moyens de daech

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Fromion :

La semaine dernière, Joaquim Pueyo et moi-même sommes allés examiner le dispositif Sophia mis en place par l'Union européenne pour tenter de s'opposer au mouvement des migrants, notamment vers l'Italie. Nous savons que Daech pousse vers la Libye, si bien qu'on ne peut écarter l'hypothèse – elle est même plutôt très vraisemblable – qu'il s'empare du commerce des migrants pour s'en approprier les bénéfices dont profitent aujourd'hui d'autres mouvements, bénéfices qui s'élèvent, selon les responsables de l'opération Sophia, à 4,5 milliards d'euros par an ! On voit bien là l'intérêt pour Daech de mettre la main sur cette manne.

Comment envisagez-vous ce mouvement de Daech vers la Libye, inquiétant pour nous puisque ce pays est à nos portes ?

Au passage, il faut se représenter la manière dont opèrent les passeurs : ils chargent les migrants dans d'énormes Zodiac ou dans des bateaux en bois avec tout juste ce qu'il faut d'essence pour atteindre la limite des eaux territoriales et, quand l'embarcation y parvient, ils envoient un message d'alerte grâce à un téléphone Iridium afin que les bateaux de secours arrivent et récupèrent les migrants. Et c'est ainsi l'Union européenne qui devient le transitaire des migrants vers l'Italie… C'est tout de même incroyable ! Cette situation laisse rêveurs certaines personnes qui participent à l'opération Sophia et qui ont le sentiment qu'on peut se poser des questions sur la légitimité de notre action.

On ne sait pas si l'Union européenne va se sortir de cette situation : elle ne sait pas elle-même si elle doit continuer à agir en ce sens ou si elle doit passer à la phase suivante qui consisterait à intervenir sur les côtes libyennes, même si, au regard du droit international, on ignore de quelle manière procéder.

La pression de Daech sur la Libye est si forte que je souhaite savoir si les risques sont réels que l'organisation s'empare des côtes et devienne le contrôleur du flux de migrants dont il faut rappeler qu'ils ne viennent pas du Moyen-Orient mais partent, pour des raisons économiques bien connues, de l'Afrique de l'Ouest et de la corne orientale du continent.

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