L'étude des moyens financiers dont dispose Daech paraît fondamentale, et nous savons que le pétrole constitue l'une de ses ressources majeures. Vous évoquez, de façon générale, le rôle équivoque joué par la Turquie. Même si le gouvernement turc dément son implication dans le trafic de pétrole – ce que nous pouvons parfaitement croire : nous ne prétendons pas qu'il l'organise –, certains circuits officieux passent-ils bien par ce pays comme nous le pressentons ?
Vous insistez sur le fait qu'il nous reste du travail à accomplir pour mettre en oeuvre nos valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité. Il manque encore des pierres à l'édifice qui se construit depuis 1789, sans doute, mais ce dernier permet tout de même à chaque citoyen de bénéficier d'une liberté de conscience que l'on ne trouve pas dans de nombreux pays, notamment au Proche et au Moyen-Orient.
À court terme, quel est l'agenda de la Turquie concernant la question kurde ? La reprise potentielle, par les forces du régime syrien et de ses alliés, des positions qui auraient permis, dans le nord de la Syrie, une jonction des territoires contrôlés par les Kurdes syriens – lesquels ont joué un rôle non négligeable dans les difficultés qu'a rencontrées Daech –, peut-elle conforter Ankara dans son attentisme ?
Je ne crois guère pour ma part que le gouvernement turc s'imagine que la Première Guerre mondiale ne serait pas terminée. Je rappelle que le régime maintient sa demande d'adhésion à l'Union européenne. Il y a certainement des mouvements divers dans la société turque au regard de ce que fut le grand Empire ottoman. Une nostalgie a bien existé, mais la réponse apportée par Atatürk a été très claire.