Intervention de Jean-Jacques Guillet

Réunion du 16 janvier 2013 à 9h45
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Jacques Guillet :

Il y a surtout la peur que des parlementaires soient pris en otage. Il y a plusieurs années, je devais inaugurer à Damas, avec l'archevêque de Salzbourg, un bâtiment récemment restauré par le département des Hauts-de-Seine. Le cabinet du Président Chirac m'a alors appelé, au moment où nous commencions à avoir des problèmes avec Bachar Al-Assad, pour me demander instamment de ne pas faire ce déplacement.

Je remercie nos collègues pour leurs analyses très intéressantes. Ils ne se sont certes rendus qu'au Liban, mais Beyrouth a toujours été un poste d'observation remarquable pour le Moyen-Orient. On y retrouve tout.

Je me suis demandé en écoutant Alain Marsaud si nous n'avions pas agi trop rapidement ou trop lentement dans cette affaire syrienne.

Trop lentement, car nous avons pris une position politique sans nous engager plus avant. Vis-à-vis de la résistance syrienne, la position française ou occidentale en général apparaît comme trop mesurée, ce qui ouvre le champ aux djihadistes. Leur présence est de plus en plus importante au sein de la « résistance » syrienne. Rétrospectivement, après l'intervention au Mali, on peut se demander si l'on a joué le rôle qu'il fallait.

Trop rapidement, car il aurait peut-être fallu se montrer un peu plus souple avec le régime syrien, quoi qu'on puisse en penser – je rejoins un peu Alain Marsaud sur ce point. La Syrie ne sortira pas de cette affaire aussi facilement qu'on pourrait le croire. L'armée de Bachar Al-Assad reste extrêmement forte. J'avais d'ailleurs demandé aux représentants du Conseil national syrien, lorsque nous les avons auditionnés, comment un président pouvait rester en place après de telles manifestations – nous n'en étions à l'époque qu'à ce stade. Bachar Al-Assad aurait disparu dans n'importe quel autre pays du monde.

Le Hezbollah, dont vous avez rencontré des dirigeants, semble par totalement isolé aujourd'hui. Très puissant il y a quelques années, avant l'affaire syrienne, il paraît aujourd'hui coupé de ses parrains iraniens. Il n'a géographiquement plus de source d'approvisionnement par l'intermédiaire de la Syrie, notamment pour les armes, et il semble bien immobile par rapport à ce qu'il a été au Proche-Orient, y compris sur la scène politique libanaise. Bien qu'il participe de très près à la coalition du 8 mars, dont il est la pierre angulaire, et au gouvernement, il paraît un peu absent politiquement vis-à-vis de ce qui se passe aujourd'hui. Quelles sont vos impressions sur ce sujet après vos contacts avec le Hezbollah ?

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