Il ne faut surtout pas ne rien faire, mais au contraire mettre le paquet pour que les contrôles aux frontières extérieures soient puissants, et pour que nous soyons en même temps capables, à l'intérieur de l'espace Schengen, de procéder à tout moment aux contrôles qui permettent d'identifier les faux documents.
Monsieur Janquin, alors qu'il y a trois mois 6 000 migrants vivaient dans le camp de Calais, ils sont aujourd'hui quelque 3 800. Je suis comme vous convaincu que le problème ne peut se régler à Calais. C'est pourquoi j'essaie de convaincre les acteurs associatifs que vouloir créer une grande solution humanitaire à Calais, qui ne peut être un point de passage, est une erreur, et que la véritable solution humanitaire consiste plutôt à répartir ceux qui relèvent du statut de réfugié dans des centres d'accueil et d'orientation sur le territoire national. Calais est une impasse humanitaire.
Bloquer le flux : c'est ce que nous faisons puisque nous intervenons à partir des gares et des trains, en déployant la police de l'air et des frontières, qui agit partout pour démanteler les filières et faire en sorte que des solutions soient proposées en dehors de Calais. C'est bien pourquoi la population du camp n'augmente pas. Nous prenons également des mesures humanitaires à Calais même, bien sûr, et vous avez eu la gentillesse de le souligner. Nous avons une préoccupation commune, mais les résultats de notre action dépendront aussi de la capacité de l'Union européenne à maîtriser les flux.
Monsieur Terrot, nous n'avons pas de relations avec les services syriens. Les relations sont en revanche régulières avec l'Algérie, avec un très bon niveau de coopération concernant la lutte contre le terrorisme et la déradicalisation. J'ai rencontré mon homologue algérien très récemment et me rendrai avec le Président de la République en Algérie les 20 et 21 février. Notre coopération donne des résultats préventifs, sur lesquels je ne peux m'étendre ici. Les discussions sur la réadmission permettent en outre une nette amélioration des conditions de délivrance des laissez-passer consulaires. Ceci répond également à M. Loncle.
Monsieur Rouquet, si je ne peux me rendre à Strasbourg, j'adresserai tout de même au Commissaire aux droits de l'homme un argumentaire très précis sur chacun des points qu'il a soulevés.
Monsieur Habib, la loi sur le renseignement permettra d'améliorer considérablement les conditions dans lesquelles travaillent nos services sur internet : suivi en continu des terroristes, détection sur données anonymes, possibilité d'identifier les comportements anormaux ou singuliers sur les sites…
Monsieur Dupré, les dispositions prises par l'Espagne depuis de nombreuses années ont permis de tarir les flux sur la façade méridionale.
Madame Maréchal-Le Pen, les deux personnes neutralisées à Saint-Denis par le RAID étaient des terroristes hautement dangereux, dont l'un a été identifié comme le concepteur et commanditaire de l'attentat du 13 novembre ainsi que d'autres attentats déjoués par nos services. Entre le printemps et les attentats de novembre, six attentats ont en effet été déjoués, dont nous avons acquis la conviction que certains avaient été conçus par le même Abdelhamid Abaaoud. Bien que les conditions de cette intervention aient été extraordinairement difficiles, compte tenu de la dangerosité des individus en question, la neutralisation des terroristes ne s'est accompagnée d'aucun effet collatéral pour nos forces de l'ordre.
Des polémiques plutôt désobligeantes pour ces policiers, qui risquent leur vie, ont surgi, et vous vous faites l'écho de certains de ces propos. J'invite les commentateurs, la prochaine fois, à venir dans les colonnes d'assaut ; je pense qu'il y aura peu de candidats. Si ceux qui font ces commentaires étaient exposés à la difficulté des interventions, sans doute leur regard changerait.
Le 13 novembre, la BAC de nuit est intervenue dans des conditions difficiles et a été extrêmement courageuse. Les policiers m'ont expliqué la nature et la difficulté de leur intervention. Je pense qu'ils ne doivent pas avoir une grande estime de ceux qui disent aujourd'hui qu'ils n'ont rien fait.
Ce qui est vrai, c'est que le niveau d'équipement des BAC, face à des tueries de masse de ce type, doit être significativement rehaussé. J'ai à cet égard annoncé, avant même les événements de novembre, un plan de rehaussement des équipements des BAC et des PSIG, qui peuvent être primo-intervenants ou primo-arrivants et essuyer le feu. Si je reconnais cette nécessité, je ne peux cependant accepter que l'on dise qu'ils n'ont rien fait, car ils ont été en première ligne et ont contribué à sauver des vies, avec un grand courage. Immédiatement après, dans des délais extrêmement brefs, sont intervenus la BRI et le RAID, dans des conditions dont nous sommes en mesure d'établir sans difficulté la traçabilité, qui en montrera l'efficacité.
Les policiers et les gendarmes de France sont des hommes et des femmes particulièrement valeureux. J'ai eu à accompagner le cercueil de policiers et de gendarmes qui avaient essuyé le feu. Quand on voit, comme à Roye, alors que l'espace public était saturé de polémiques sur l'autorité de l'État et la capacité des forces de l'ordre à accomplir leur travail, le fils d'un gendarme, dont le visage montre que sa vie est brisée, endosser, derrière le cercueil, l'anorak de son père et proposer d'abandonner sa formation de plombier pour devenir à son tour gendarme, on éprouve quelque colère à entendre ces commentaires. Quelles que soient les différences politiques, ou les tentations plumitives, il convient de reconnaître le travail et l'engagement des forces de l'ordre.
Plutôt que de laisser ce type de propos se répandre, je souhaite donc dire deux choses. Tout d'abord, il y a des gens valeureux qui méritent de la considération, et je rends hommage à ceux qui accomplissent ce travail difficile. Ensuite, les drames qui peuvent survenir à l'occasion de ce travail appellent du discernement dans la manière dont on s'exprime. Il y a certes des choses à améliorer : je vous ai parlé du rehaussement de l'équipement, pour lequel j'ai pris la décision avant même les attentats. Des questions peuvent être posées et le ministère de l'intérieur répondra à chacune d'elles, de façon précise, dans le cadre du retour d'expérience que nous organisons. Aucune question ne doit rester sans réponse, mais il est possible de poser ces questions sans remettre en cause l'efficacité des forces de l'ordre ou leur détermination à intervenir de la manière la plus prompte pour sauver le maximum de vies.