Vous avez bien cadré, madame la directrice, la problématique de nos rapports avec la Russie et celle de la situation en Ukraine.
Je partage votre point de vue : isoler la Russie n'est pas, n'a jamais été et ne sera jamais une bonne solution. Il faut considérer la Russie comme un grand pays. Mieux on la connaîtra, mieux on pourra travailler avec elle, en prenant en compte les intérêts des uns et des autres. Tout ce qui va dans le sens d'une normalisation des relations avec elle est positif. Vous avez cité quelques exemples à cet égard.
Par ailleurs, la situation au Moyen-Orient est très difficile et a évolué de telle manière que, fatalement, il nous faut créer d'autres rapports entre les grandes puissances responsables.
Compte tenu de leur calendrier électoral, les États-Unis entrent dans une phase où ils vont se préoccuper avant tout de leur propre situation et vont mener une politique extérieure moins active. Pour autant, chacun a son rythme, et il ne faut pas perdre de temps ni laisser les choses se figer.
S'agissant de la situation en Ukraine, vous avez parlé d'un « verre à moitié vide ou à moitié plein ». Nous avions fait le même constat lors de notre visite en Ukraine, il y a quelque mois, avant l'engagement marqué en Syrie et la signature de l'accord nucléaire avec l'Iran. Vous avez souligné le chemin qu'il reste à parcourir. Plusieurs échéances se présentent à nous : celle d'une éventuelle levée des sanctions à l'égard de la Russie en juillet prochain, celles du processus de Minsk. Comment faire prendre conscience à chacun que ces deux calendriers sont liés, qu'une éventuelle levée des sanctions est conditionnée à des progrès tangibles sur le terrain ? N'avons-nous pas là une occasion de peser sur les deux parties, tant sur les séparatistes que sur les Ukrainiens ? En tant que facilitateurs, nous pouvons faire valoir que nous sommes de bonne volonté, que nous sommes prêts à aider, mais qu'il nous faut des éléments positifs pour défendre le dossier à Bruxelles.