Je me réjouis, monsieur le ministre, de votre arrivée au Quai d'Orsay. L'adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 2268 après le compromis russo-américain donne l'occasion à la France de se remettre dans le jeu diplomatique en Syrie et d'en finir avec les erreurs commises depuis que M. Juppé a fermé notre ambassade à Damas et obstinément poursuivies ensuite : prévoir mois après mois la chute du régime de Bachar al-Assad pour le mois suivant en mésestimant d'une part le refus de la charia par une large proportion de la population – et pas seulement par les minorités religieuses –, d'autre part l'engagement stratégique de l'Iran et de la Russie lorsque le régime serait chancelant. Vous ayant entendu, j'ai bon espoir que notre pays recommence à jouer un rôle positif pour faire durer le cessez-le-feu temporaire humanitaire et rechercher une paix civile qui, bien entendu, tarirait la part syrienne des migrations vers l'Europe.
Comme plusieurs de mes collègues, je m'interroge sur l'avenir de l'accord franco-libano-saoudien qui prévoyait d'équiper, à hauteur de 3 milliards de dollars, les forces armées libanaises en butte à d'extrêmes difficultés. L'Arabie saoudite vient de dénoncer l'accord, mettant dans la difficulté l'armée libanaise qui se bat tous les jours contre les tentatives d'infiltration d'éléments de l'État islamique ou du Front al-Nosra. Avons-nous un espoir de trouver un substitut pour apporter à l'armée libanaise une aide militaire dont elle a un besoin impérieux ?