Madame la ministre de l’énergie, la démission du directeur financier d’EDF constitue un signal d’alarme de plus sur la situation préoccupante de l’entreprise.
L’opposition des écologistes au projet Hinkley Point est connue, mais, quand ce sont le directeur financier et les syndicats qui, pour la première fois de l’histoire, s’opposent à un investissement nucléaire, quand le rapport d’audit interne et les agences de notation soulignent qu’il y a de gros risques pour l’entreprise, peut-être est-il temps de remettre à plat ce dossier, et ce d’autant plus que la crise que connaît EDF ne se limite pas, loin s’en faut, à ce seul projet.
Le monde de l’énergie traverse une profonde mutation. Les vieilles énergies, charbon, pétrole, gaz, uranium, subissent un double choc : elles sont mises en concurrence par les énergies renouvelables compétitives et leurs business models, fondés sur une croissance éternelle de la consommation, sont remis en cause par l’efficacité énergétique.
EDF, dépendant à 80 % de la même énergie, est très vulnérable. Le vieillissement du parc suscite de fortes inquiétudes, y compris à l’étranger. Il conduit à un triplement des coûts de maintenance, à un mur d’investissement pour l’entreprise et à une forte vulnérabilité aux décisions de l’ASN sur les quarante ans.
Pourtant, c’est notre conviction, il est encore possible de sauver EDF, à condition que l’entreprise regarde vers l’avenir et pas seulement vers son glorieux passé et qu’elle investisse en conséquence car, au moment où le nucléaire est contraint à de douloureuses suppressions d’emplois, les renouvelables embauchent chaque année des milliers de personnes. C’est un signe de plus que la transition énergétique est une chance, à condition qu’on sécurise les parcours professionnels dans cette mutation rapide.
Madame la ministre, vous avez piloté la loi relative à la transition énergétique. Comment allez-vous agir pour qu’EDF comprenne enfin que c’est une formidable opportunité pour elle ?