Monsieur le Premier ministre, le sommet extraordinaire qui s’est tenu lundi entre l’Union européenne et la Turquie a acté un triple renoncement, d’une gravité sans précédent : celui d’une Europe qui renonce au droit d’asile en refoulant les migrants faute d’avoir su s’accorder sur une politique migratoire et sécuritaire commune ; celui d’une Europe qui marchande la relance du processus d’adhésion en échange d’un rempart illusoire contre les victimes de conflits que nous n’avons pas su gérer ; enfin, celui d’une France dont le silence est coupable. Ce triple renoncement est d’autant plus grave que le régime de M. Erdogan est en train de fouler au pied l’État de droit et les principes mêmes de la démocratie. Désormais, il piétine la liberté de la presse puisqu’il vient de mettre sous tutelle deux journaux. Sur de telles bases, l’Europe n’a pas à négocier. Le groupe UDI s’est toujours opposé résolument à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne, et, aujourd’hui, c’est la relance du processus d’adhésion qui nous est imposée.
La régulation des flux migratoires passe par le développement d’une véritable politique européenne de voisinage et par la mise en oeuvre d’accords de coopération plus étroits. Nous devons également poser les jalons d’une politique d’asile commune. L’Europe ne doit pas renoncer à ses valeurs ; bien au contraire, elle doit, plus que jamais, les affirmer haut et fort.
Monsieur le Premier ministre, la France doit enfin faire entendre sa voix et demander expressément l’arrêt des négociations relatives à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne. Nous aimerions connaître votre position.