Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, ce sujet me tient énormément à coeur – c’est le cas pour chacun d’entre nous. C’est peut-être parce qu’il y a trente-neuf ans que je suis maire de ma commune. Il est vrai qu’à l’époque, j’étais le plus jeune. Je n’aurais pas imaginé – on ne peut pas tout imaginer, bien sûr – que nous serions amenés, un jour, à avoir ce type de débat.
Je ne vous cacherai pas, madame la secrétaire d’État, que je ressens une certaine pointe de tristesse en voyant ce que nous avons fait de notre pays – en croyant bien faire, certainement – au cours de ces deux dernières législatures, en particulier celle-ci. Je revois encore François Hollande et Ségolène Royal – avec ses escarpins – dans les neiges de la Creuse, où ils s’étaient rendus avec une majorité d’opposants à un projet de loi défendu alors par la droite, assurer que jamais ils ne toucheraient à l’organisation territoriale de la France, que jamais ils n’organiseraient la fin des communes, ni celle des conseils généraux. Je participai, moi aussi, à cette manifestation, car j’y croyais de tout mon coeur. François Hollande, Ségolène Royal : quel symbole, à plus d’un titre !
Aujourd’hui, c’est un gouvernement socialiste qui va faire disparaître les communes de moins de 1 000 habitants, alors qu’il n’en a pas été question lors des dernières élections présidentielles. Le ministre de l’intérieur, bien entendu, n’aura pas à prendre formellement cette décision, car on a trouvé un moyen infiniment plus cynique et plus efficace d’y parvenir. Il s’agit tout simplement de jeter le discrédit sur ces petits élus locaux, sur ces petits maires, sur ces petites communes, en demandant : À quoi servent-elles ? Que coûtent-elles ?
J’ai encore en mémoire cette phrase extraordinaire de François Mitterrand : « La France est un pays hors du commun : elle a trouvé le moyen de se faire administrer par un million de bénévoles qui se feraient trancher la tête pour l’entretien d’un chemin de terre ; et il y a un million de gens derrière eux, prêts à prendre leur relais si les premiers venaient à être défaillants. » Cela, c’était une certaine idée de la France !
Cette idée n’appartenait pas seulement à François Mitterrand. Elle remonte à la nuit des temps ; pour ma part, je la ferais remonter à Clovis, lorsque nous avons décidé que ce pays pouvait conjuguer les actions individuelles et l’action collective.