Au nom du groupe RRDP, je remercie le président de la Commission d'avoir organisé cette audition.
Monsieur Chevet, lors de la présentation de vos voeux à la presse, vous avez déclaré que le contexte en matière de sûreté nucléaire et de radioprotection était préoccupant. Dimanche, la ministre de l'énergie, Ségolène Royal, a indiqué être prête à donner son feu vert à la prolongation de dix ans de la durée de vie des centrales nucléaires, qui passerait ainsi de quarante à cinquante ans. Le 15 janvier 2016, vous avez auditionné les représentants d'EDF. Quelle sera votre méthode de travail, et avec quel calendrier, pour redéfinir les examens de sûreté des réacteurs de 200 mégawatts électriques ?
Dans un avis paru en mai 2014, la Cour des comptes estime que, pour mettre tout le parc actuel en capacité de maintenir sa production et éventuellement prolonger sa durée d'exploitation au-delà de quarante ans, une partie des investissements devra être réalisée au-delà de 2025. Même si un chiffrage à un tel horizon est un exercice par nature incertain, le total des investissements sur la période 2011-2033 atteindrait environ 110 milliards d'euros courants. Sans vous prononcer sur les coûts, que pensez-vous de cette estimation ?
Le même rapport pointe que les investissements ont plus que doublé entre 2010 et 2013, avec une incidence sur le coût de production de 5,10 euros par mégawattheure. Les investissements finançant les travaux qui visent à appliquer les prescriptions post-Fukushima représentent un montant total d'environ 11 milliards d'euros pour EDF, qui souhaite les réaliser d'ici 2033. Pensez-vous que l'entreprise doit réaliser ces travaux afin de garantir un niveau de sûreté suffisant ?
Je voudrais revenir sur la corrosion des évaporateurs assurant la concentration des produits de fission sur le site de la Hague. En février 2016, vous avez auditionné Philippe Varin, président du groupe Areva ; en effet, les analyses de l'ASN vous conduisent à craindre pour la sûreté de l'installation. Quelles actions préconisez-vous ? Comment comptez-vous travailler avec Areva ? Que se passerait-il si l'usine de la Hague devait être fermée ?
La situation économique difficile des opérateurs représente un autre point préoccupant. En effet, plus nos opérateurs connaissent des difficultés financières, moins la sûreté est assurée. Quel rôle l'ASN peut-elle jouer dans ce cadre ?
Enfin, vous avez évoqué l'épineux sujet des moyens mis à disposition de l'ASN. En tant que rapporteur budgétaire sur le programme 181 « Prévention des risques », je ne peux qu'y être sensible. Votre budget a été sanctuarisé et trente postes supplémentaires vous ont été accordés sur la période 2015-2017. Toutefois, vous avez souligné l'insuffisance de cet effort au regard des enjeux actuels en matière de contrôle de la sûreté nucléaire et de la radioprotection. Comment, dans ces conditions, pensez-vous mener vos missions ? Comment allez-vous hiérarchiser vos priorités ?
J'aurais bien d'autres questions à vous poser, mais comme le disait Jean de La Fontaine dans la fable La Grenouille qui veut se faire plus grosse que le boeuf, il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre. (Rires)