Intervention de Guillaume Larrivé

Réunion du 9 mars 2016 à 11h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuillaume Larrivé :

Monsieur le ministre, pouvez-vous nous indiquer le nombre des éloignements effectifs auxquels il a été procédé en 2015 à partir du Calaisis et de Grande-Synthe, ainsi que les nationalités et les pays concernés ? Je souhaiterais également que vous nous indiquiez si un dispositif opérationnel a été mis en place pour éviter, autant que faire se peut, l'arrivée de migrants clandestins à la gare ferroviaire de Lille puisque, selon la maire de Calais, Mme Bouchart, ils seraient une cinquantaine à s'y présenter chaque jour ?

En outre, je veux vous faire part, au nom du groupe Les Républicains, de notre désaccord sur les opérations dites de relocalisaton des migrants vers les centres d'accueil et d'orientation. Vous avez indiqué qu'environ 3 000 personnes avaient été transférées dans 112 centres de ce type depuis le mois d'octobre. Il se trouve que l'un de ces centres est situé dans ma circonscription, à Saint-Bris-Le-Vineux. Or, l'immense majorité de la cinquantaine de personnes transférées ont quitté le village quelques jours après leur arrivée. Je peux en porter témoignage ; c'est un fait objectif. La relocalisation des migrants dans les territoires ruraux déplace le problème, mais ne le résout pas. En outre, elle est très mal acceptée par la population, qui ne comprend pas pourquoi des migrants clandestins en provenance du Calaisis sont accueillis, aux frais du contribuable, dans des centres si éloignés.

Enfin, chacun voit bien que, quels que soient les efforts opérationnels déployés par vos services pour gérer la situation qui prévaut à Calais, la véritable clé du problème réside dans les entrées irrégulières massives qui continuent de s'accélérer sur le territoire européen. À cet égard, je souhaiterais que vous nous précisiez quels sont les objectifs de la France dans le cadre des négociations avec le gouvernement turc. Nous craignons en effet que l'accord qui s'esquisse entre M. Erdoğan et les institutions européennes ne soit un marché de dupes, le premier exerçant une sorte de chantage sur les secondes. Quoi qu'il en soit, l'accélération des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne ne nous paraît pas acceptable. Les raisons pour lesquelles le chapitre monétaire de ces négociations a été ouvert, en particulier, sont incompréhensibles, dans la mesure où une adhésion de la Turquie à la zone euro nous paraît surréaliste. Quant à la libéralisation des visas de court séjour, qui reviendrait à organiser la libre circulation de 80 millions de Turcs vers l'Europe, elle ne nous paraît pas non plus acceptable. Si nous voyons bien l'intérêt de tenter d'obtenir des autorités turques qu'elles maîtrisent les flux migratoires vers notre continent, il reste qu'en leur cédant sur ces questions majeures, nous irions de Charybde en Scylla.

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