Monsieur le Premier ministre, votre texte sur le travail se voulait au départ « révolutionnaire » et ambitieux, permettant enfin aux entreprises de s’organiser plus simplement. Aujourd’hui, après moult chamboulements pour faire plaisir aux uns et aux autres, il n’est plus qu’un simple projet rétrograde, vidé de toute substance ! Démonstration : Sarreguemines, ma ville, compte des filiales de deux grands groupes allemands, Continental – moins de 2 000 salariés – et Smart – plus de 2 000 salariés. Toutes deux, confrontées à des objectifs de compétitivité, ont formulé le voeu de sauver ces milliers d’emplois en contrepartie d’efforts à réaliser sur le coût et le temps de travail.
Mais dernièrement, la modification provisoire de la durée du travail chez Smart, approuvée par plus de 56 % des salariés interrogés par référendum, s’est heurtée à un refus catégorique de deux syndicats bien moins représentatifs. Venant d’un territoire voisin de l’Allemagne où, grâce à un syndicalisme fort et plus représentatif existe un véritable dialogue social, le message adressé par nos organisations syndicales aux responsables allemands est catastrophique. Heureusement, le droit d’opposition n’aura pas eu raison du choix sans appel d’une très large majorité de salariés qui, avec pas moins de 97 % d’avenants signés, ont évité la délocalisation en Slovénie. Je vous remercie d’ailleurs, monsieur le Premier ministre, de l’écoute que vous m’aviez à l’époque apportée.
Monsieur le Premier ministre, votre texte initial laissait entrevoir des avancées significatives. Aujourd’hui, vous reculez, et j’ai peur que demain, d’autres belles entreprises ne subissent les mauvaises orientations prises par une minorité non représentative. Donner la priorité à l’emploi et conforter la parole des salariés ne doit pas apparaître comme un contournement de la voie syndicale, bien au contraire : ce n’est ni plus ni moins qu’un bel exemple de démocratie participative responsable !