Intervention de Sophie Elizéon

Réunion du 15 janvier 2013 à 16h15
Délégation de l'assemblée nationale aux droits des femmes et à l'égalité des chances entre les hommes et les femmes

Sophie Elizéon, déléguée régionale aux droits des femmes et à l'égalité entre les femmes et les hommes de La Réunion de 2007 à 2012, actuellement Déléguée interministérielle pour l'égalité des chances des Français d'outre-mer :

En effet, un engagement sur trois ans serait idéal car cela permettrait d'inscrire l'action dans la durée, et avec un véritable copilotage puisque l'État est ordonnateur.

Le niveau des crédits n'a pas permis de mettre en place à La Réunion un observatoire. Néanmoins, grâce à des crédits du fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD), nous avons obtenu la création d'un tableau de bord de suivi des violences faites aux femmes au sein du couple. Cet instrument nous a permis, en particulier, de relever l'augmentation des dépôts de plainte et l'évolution des offres d'hébergement. Un tel outil est indispensable au travail d'une délégation car il permet à la fois de connaître le territoire, d'orienter les actions menées dans le cadre du plan de lutte contre les violences et de les évaluer.

Pour avoir discuté avec mes collègues au moins jusqu'en 2012, je peux vous dire que la problématique des violences se pose également à la Martinique, à la Guadeloupe et en Guyane, avec, en toile de fond, la question de l'éducation des jeunes garçons et celle de l'image des femmes véhiculée dans les médias.

Une autre problématique est celle de parentalité précoce. À La Réunion, le nombre de naissances chez des jeunes filles encore mineures a augmenté de l'ordre de 150 % entre 1999 et 2009. Le comité de pilotage mis en place à cet effet par le préfet pendant cette période a probablement permis de stabiliser ce nombre, qui reste malheureusement très important, tout comme celui des interruptions volontaires de grossesse (IVG) pratiquées chez les mineures, même très jeunes. Chaque année, à La Réunion, entre cinq et dix jeunes filles de moins de quinze ans deviennent mères. Une difficulté est qu'un certain nombre d'acteurs, qui refusent de se montrer moralisateurs, préconisent « d'accompagner ces jeunes filles à être de bonnes mamans si c'est leur choix ». Pour ma part, j'ai toujours pensé qu'une société qui laisse des enfants éduquer des enfants est une société perdue. Ce sujet n'a rien à voir avec la morale, il s'agit de permettre à des femmes d'avoir des enfants à un moment où elles ont les moyens de les éduquer correctement, ce qui passe par une insertion professionnelle réussie. À La Réunion, un rapport rédigé par des anthropologues a conclu à la possibilité de s'interroger sur l'élasticité de la notion de majorité, considérant qu'on a intérêt à accompagner les mères mineures dans leur choix, plutôt que de faire de la prévention sur la parentalité précoce. Je trouve cela dangereux car, encore une fois, je ne vois pas comment on peut choisir d'être mère à quinze ans. Pourquoi ne pas voter, conduire une voiture, travailler et payer des impôts à quinze ans ? Nous sommes là face à un véritable sujet de société.

Le sujet des missions des délégués a été abordé à une époque antérieure à la RGPP – le réseau des délégués avait interpellé la Délégation aux droits des femmes de l'Assemblée à ce sujet. Il est clair qu'un positionnement tel que celui des DRRT (délégations régionales à la recherche et à la technologie) favoriserait l'efficacité des délégations régionales. Ce positionnement, soutenu en son temps par le réseau des délégués aux droits des femmes et l'association nationale des déléguées régionales, peine à faire son chemin. Il aurait l'avantage de permettre à des hommes de s'impliquer sur ces métiers.

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