Si la solution au problème syrien était aussi simple, on l'aurait déjà trouvée, messieurs. En effet, il ne s'agit pas d'un conflit entre alaouites et sunnites, car la femme de Bachar el-Assad ou Rami Makhlouf sont sunnites, par exemple. Des sunnites soutiennent le régime et des alaouites sont passés dans l'opposition. La guerre ne plonge pas ses racines dans la mise à l'écart des sunnites, certains d'entre eux appuyant totalement le régime.
Bachar el-Assad a en effet sorti le « CAC 40 » du terrorisme de ses prisons. Mais pourquoi ? Parce que les Américains venaient d'essayer de le tuer. Il a appliqué le principe selon lequel les ennemis de mes ennemis sont mes amis et les a libérés pour qu'ils s'attaquent aux Américains.
Vous affirmez que l'EI n'est pas bombardé à Raqqa ? Le centre de commandement touche l'hôpital qui se trouve lui-même dans un quartier très peuplé. Bombarder Raqqa entraînerait des dommages collatéraux énormes. Il n'est pas facile de cibler des individus dans une ville de 200 000 habitants.
Connaissez-vous l'opposition modérée dont vous parlez ? La brigade côtière, issue de l'armée du régime et passée dans l'Armée syrienne libre, regroupe quelques centaines d'hommes. Le reste des opposants se trouve dans des katibas villageoises et n'en bouge pas. Il n'y a pas d'opposition militaire modérée en dehors de la côtière. Dire le contraire est une fumisterie !
Messieurs, j'ai été choqué par vos propos qui reflètent un discours conventionnel dont il faut sortir. Ce qui ne signifie pas que Bachar el-Assad soit le saint des saints ! En revanche, il ne faut pas tabler sur son départ, car il sera là pour le règlement politique. Ce sont les Syriens qui doivent choisir leur gouvernement et non pas nous. Ne pas cesser de réclamer le départ de Bachar el-Assad revient à exclure la France du jeu pour la reconstruction de la Syrie.