La confiance et la sécurité sont des aspects essentiels des services que nous offrons tous les trois. La confiance est à la base du succès d'un modèle qui fonctionne sur une rencontre en ligne.
Pour notre part, nous avons mis en place un certain nombre d'outils destinés à créer cette confiance : nous collectons des informations sur les utilisateurs – nom, prénom, numéro de téléphone, photographie, éléments de biographie, préférences diverses… –, et nous en vérifions certaines, comme l'adresse e-mail ou les coordonnées bancaires. Nous avons ensuite un système de notation qui permet au conducteur comme au passager de choisir en toute connaissance de cause la personne avec laquelle il voyagera. Croyez-moi, les utilisateurs n'hésitent pas à s'exprimer très honnêtement ! Si vous êtes un mauvais conducteur, il y a très peu de chances pour que vous puissiez utiliser longtemps la plateforme. Nous avons également créé Ladies only, service qui permet aux femmes de ne voyager qu'en compagnie d'autres femmes. Nous conservons le paiement du passager jusqu'à ce que le trajet ait été effectué.
Notre modèle économique repose sur le prélèvement de commissions sur le montant payé par les passagers. Nous percevons un pourcentage de la contribution aux frais versée au conducteur, de l'ordre de 12 %. Lorsqu'un passager effectue un trajet à 20 euros, BlaBlaCar reçoit 2,40 euros.
Les études que nous menons auprès de notre communauté montrent que, pour des raisons financières, une grande partie des passagers n'aurait pas voyagé sans BlaBlaCar. Nous offrons donc des solutions de mobilité à des gens qui n'auraient pas les moyens d'utiliser d'autres modes de transport. Par ailleurs, grâce à nous, il est possible d'effectuer des trajets pour lesquels il n'existe pas de bonne desserte – il n'y a pas, par exemple, de liaison ferroviaire directe entre Rennes et Rouen. De plus, si BlaBlaCar peut constituer une solution alternative à des transports existants, l'expérience proposée est totalement différente de celle qu'offrent l'avion, le bus ou le train. Je me rends régulièrement à Bruxelles pour des raisons professionnelles : prendre le Thalys qui m'amène à destination en une heure vingt et me permet de travailler, cela n'a rien à voir avec ce que serait un trajet en voiture d'au moins trois heures et demie. Nous ne sommes pas vraiment toujours une solution alternative. Les différents services proposés ne sont pas utilisés de la même manière : BlaBlaCar a, par exemple, une dimension sociale qui est sous-estimée. L'utilisateur de BlaBlaCar choisit ce moyen de transport parce qu'il est moins cher, mais aussi parce qu'il permet de rencontrer d'autres personnes. Nous sommes plutôt fiers de créer du lien social.
De plus, les effets positifs du covoiturage existent bel et bien. Le fait qu'il y ait davantage de personnes dans une voiture réduit le nombre de véhicules en circulation – en moyenne, on compte 2,8 voyageurs BlaBlaCar dans une voiture alors que ce ratio s'élève à 1,7 globalement en Europe. En termes d'environnement, notre modèle constitue donc bien un apport réel. Ses effets positifs se font aussi ressentir en matière de sécurité routière, ce dont nous sommes très fiers. Les conducteurs nous disent eux-mêmes qu'ils sont plus attentifs et plus prudents lorsqu'ils transportent des personnes, d'autant qu'ils ne les connaissent pas. Le risque d'endormissement est également moindre lorsque vous n'êtes pas seul dans un véhicule.
L'administration du travail ne nous a jamais sollicités. Cela me semble logique étant donné la nature de notre modèle : des gens comme vous et moi partent en week-end et proposent une place dans leur voiture, il serait difficile d'y voir une relation de travail. Nous sommes en revanche en relation avec l'administration fiscale avec laquelle nous avons eu des échanges à l'occasion de l'élaboration du projet de loi de finances. Je crois comprendre que le Gouvernement souhaite qu'un groupe de travail se réunisse sur la définition du partage de frais ; nous serons amenés à expliquer ce qu'il en est dans l'environnement automobile.
Dans un mode de fonctionnement normal de notre service, les dérives ne sont pas possibles : il suffit de faire les calculs. Sachant qu'il en coûte au passager 6,5 centimes du kilomètre, soit 6,50 euros les cent kilomètres, vous imaginez combien de kilomètres il faudrait parcourir pour parvenir à faire du profit. Il faudrait rouler en permanence, ce qui ne manquerait pas de se voir. Nous avons mis en place les outils permettant de repérer ce type de comportement. Des cas se produisent, mais ils ne sont pas très fréquents et nous y mettons fin immédiatement. Il arrive également que des conducteurs tentent de contourner le système : un même trajet est posté plusieurs fois par des personnes différentes agissant de concert, et un mini-van attend les passagers au point de rendez-vous. Nous avons alors affaire à des fraudeurs qui nous sont immédiatement signalés par nos membres, ce qui permet de mettre instantanément fin à ce genre de pratique.