Intervention de Jean-Michel Petit

Réunion du 18 février 2016 à 11h00
Mission d'information relative au paritarisme

Jean-Michel Petit, fondateur et président de VizEat :

Notre modèle repose sur la confiance et l'échange. Si vous êtes anxieux, il ne faut pas utiliser VizEat, ni par exemple faire du couchsurfing qui vous amène à dormir chez des personnes que vous ne connaissez pas.

Avant toute rencontre par l'intermédiaire de notre site, il y a un échange. Une personne propose un repas ; une autre lui fait part de son intérêt et se présente afin que l'hôte accepte de la recevoir. Il n'y a pas de réservation automatique sur notre plateforme. Vous n'avez pas affaire à un restaurant. Nous constatons que les gens se rassemblent sur des critères divers : des familles italiennes viennent dîner chez des familles françaises, des jeunes couples se rendent plutôt chez des jeunes couples… Je rappelle que l'hôte doit manger à la table de ses invités.

Nous imaginions que nous intéresserions essentiellement des touristes, mais de plus en plus de personnes souhaitent « voyager dans leur ville » pour y découvrir d'autres cultures. Les utilisateurs de notre plateforme sont à la recherche de socialisation. Grâce aux commentaires, qui sont extrêmement importants, ils rejettent ce qui ne serait pas une expérience authentique et qui s'apparenterait à une démarche commerciale.

Les prestations proposées par la plateforme sont couvertes par un contrat d'assurance en responsabilité civile visant l'ensemble des risques dans tous les pays où nous sommes présents. Aucune compagnie d'assurances française n'ayant accepté de nous couvrir à nos débuts, nous avons signé avec le Lloyd's of London qui n'a pris que deux jours pour nous répondre. Depuis juillet 2014, cette assurance n'a jamais été activée. Aucune expérience traumatisante n'a été enregistrée à ce jour, mais la loi des grands nombres fait qu'à partir d'un certain volume d'activité, des incidents pourront se produire.

Notre modèle économique est celui des plateformes collaboratives : nous prélevons 15 % du prix annoncé. Lorsque cinq personnes réservent un repas qui coûte 20 euros chez un particulier, elles règlent au total 115 euros. Pour que nous parvenions à l'équilibre économique, il faut donc que nous réalisons un volume suffisant de petites transactions.

Je me renseignerai aussi pour répondre à votre question relative à la branche professionnelle à laquelle notre entreprise est attachée.

Nous n'avons pas enregistré de dérives en France. À l'étranger, nous avons constaté, ce qui est assez ironique, que des restaurants avaient posté des repas sur notre site. Le « retour » immédiat de ceux qui étaient surpris de se retrouver dans ce genre d'établissement nous a permis de les exclure de la plateforme.

Nous avons été en contact avec le cabinet de M. Michel Sapin, ministre des finances et des comptes publics, pour mettre en place notre modèle. Je le répète : il faut éviter d'obliger le Français moyen à déclarer 70 euros de revenus et une dépense de 4 euros de carottes et de 12 euros de viande hachée. Il faudrait déterminer un seuil de revenu au-dessus duquel une activité ne serait plus exercée en amateur.

Le rapport de Pascal Terrasse est remarquable. Je ne crois pas qu'un travail similaire existe dans l'Union européenne. Pour aller plus loin, nous pourrions nous inspirer des Britanniques qui ont séparé les activités : une ligne particulière de la déclaration de revenus est réservée à la location d'appartements. Par ailleurs, le rapport Terrasse suggère que toutes les plateformes transfèrent leurs données à l'administration fiscale. Il faut prendre garde à ne pas créer un système qui pénaliserait la plupart des deux cent soixante-dix plateformes françaises, qui sont des petites structures – c'est le cas de VizEat qui compte douze salariés en France –, en les obligeant à investir dans des systèmes de transmission de données fiscales plutôt que dans de la technologie directement liée au service de leur clientèle.

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