Intervention de Jean-Yves Caullet

Séance en hémicycle du 17 mars 2016 à 21h30
Biodiversité — Article 51

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Yves Caullet :

S’il arrive que des questions se posent d’une manière un peu impromptue, on peut dire de ce débat qu’il s’ouvre après un travail approfondi, ce qui nous permettra, je l’espère, de faire un choix objectif entre les différentes options qui s’offrent à nous.

À cet égard, je voudrais remercier le président Jean-Paul Chanteguet pour les différentes tables rondes qu’il a organisées, avec des scientifiques et des professionnels. Au cours de ces échanges, nous n’avons évidemment pas échappé aux habituelles caricatures, pas plus qu’aux comparaisons avec des modèles étrangers, qui font toujours mieux que nous, même si l’on s’aperçoit qu’ils utilisent finalement davantage de produits toxiques que nous. Cela étant, les conditions me semblent remplies pour dégager aujourd’hui des points de convergence et des solutions possibles.

Le principal point de convergence – excusez-moi de prendre plaisir à le rappeler –, c’est la toxicité des produits à base de néonicotinoïdes. Je ne voudrais pas que nous quittions cet hémicycle en pensant qu’il y a d’un côté ceux qui les défendent et de l’autre ceux qui veulent s’en défendre. Je pense que nous avons tous compris que ces produits étaient toxiques, à la fois pour ceux qui les manipulent et pour les écosystèmes, notamment pour les pollinisateurs. Il est donc nécessaire de s’en passer le plus complètement et le plus vite possible.

Cela suppose d’éviter les substitutions plus néfastes que le mal : il faut être performant dans les substitutions et imaginer la transformation de nos systèmes de cultures. Je vous rappelle que ces produits concernent aujourd’hui 3 millions d’hectares de maïs, 1,5 million d’hectares de colza, 1 million d’hectares de blé et 400 000 hectares de betterave tous les ans. Cette transformation ne pourra donc pas, à mon sens, se faire en un clin d’oeil.

S’agissant des substitutions, je crois que nous pouvons être d’accord sur le fait que nous disposons d’un outil pertinent pour nous guider vers des substitutions pertinentes, avec l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail – ANSES. L’ANSES peut évaluer de façon comparative : je crois que c’est là un point de consensus.

Sur la méthode, enfin, nous avons deux options. La première consisterait à interdire ces produits et à initier le changement – mais il reste à déterminer à quelle date. La seconde consisterait à mettre en oeuvre un processus continu et à créer une dynamique. Nous pourrions ainsi faire figure de modèle et entraîner d’autres pays européens dans notre sillage, et peut-être même développer le même genre de technique pour d’autres substances toxiques, à l’avenir.

Vous aurez compris que je préfère la deuxième formule, moins propice à la procrastination et inspirée de la sagesse du Sénat, que Mme la rapporteure a justement soulignée tout à l’heure, à propos d’un autre amendement.

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