…qui a été retiré du marché européen mais est toujours utilisé au Brésil, dans les favelas, où les conditions d’hygiène obligent la population à se défendre contre la pullulation d’insectes avec des insecticides. Une élève du Professeur Sultan, de Montpellier, a démontré que le risque de malformation à la naissance était multiplié par trois ou quatre chez les enfants nés dans ces favelas.
Je disais donc que les néonicotinoïdes étaient des insecticides neurotoxiques beaucoup plus efficaces. Peut-on penser qu’ils sont plus efficaces sur les insectes, sur les vers de terre et sur les arthropodes aquatiques que sur les mammifères ? Aucune étude clinique n’a été réalisée sur cette question : nous sommes dans le flou total. Cependant, au Japon, où le Gaucho est massivement utilisé sur les fruits, les légumes et le thé, des études cliniques ont révélé des cas d’intoxications subaiguës, qui entraînent une hospitalisation d’urgence et qui disparaissent au bout de quelques semaines. À l’heure actuelle, aucune étude ne permet de juger des effets sanitaires des néonicotinoïdes à long terme. En toxicologie, la grande difficulté est toujours de sortir de l’effet-dose pour étudier les effets de l’exposition à un produit à dose filée et à long terme, notamment sur les foetus.
Certaines études montrent désormais l’importance du principe actif des néonicotinoïdes, c’est-à-dire de la nicotine. Qui conseillerait à une femme enceinte de fumer ? Les néonicotinoïdes fonctionnent exactement comme la nicotine : ils sont des agonistes des récepteurs de l’acétylcholine au niveau de l’hippocampe. Cela a été démontré sur le mammifère – pas sur l’homme, bien entendu, mais sur le jeune rat, chez qui l’injection de néonicotinoïdes conduit à des troubles du développement du neurone.
Voilà le terrain sur lequel nous devons ramener cette discussion, sans renvoyer à telle thèse ou telle antithèse, mais en pesant le risque à assumer. Nous sommes tous ici des législateurs soucieux de la santé publique et de l’avenir des générations futures.