Je déplore les conditions épouvantables dans lesquelles nous travaillons. Nous venons seulement de prendre connaissance de ces amendements. Je vous livre quelques commentaires en attendant de pouvoir les examiner de manière plus approfondie.
S'agissant de l'amendement AC211, vous proposez de donner à chaque conservatoire la possibilité de délivrer un diplôme national. Marcel Landowski, dans son plan décennal pour la musique, avait imaginé une organisation pyramidale. Depuis, l'organisation est devenue aberrante.
Aujourd'hui dans les Hauts-de-Seine, on dénombre deux conservatoires à rayonnement régional et six conservatoires à rayonnement départemental. Le ministère a agréé des établissements sans se soucier de la cohérence.
Avec les mesures que vous proposez, il me semble que vous accentuez le flou généralisé, qui est très préjudiciable. Les enseignants nous le disent, cette organisation est une catastrophe. En ces temps de disette budgétaire, la dilution de la ressource publique se traduit par une baisse de la qualité de l'enseignement. Il faut approfondir le travail sur ce dossier et définir une vraie classification des établissements. Il n'est pas cohérent de considérer que tout le monde peut délivrer des diplômes de troisième cycle.
L'amendement AC212 n'appelle pas de réaction immédiate.
L'amendement AC213 est fondamental. Pourquoi croyez-vous que la présidente de la commission des affaires culturelles du Sénat se bat depuis des années pour confier le rôle de chef de file aux régions ? Il faut savoir écouter les experts.
La loi de 2004 précitées a dévolu à la région un rôle dans le financement du troisième cycle. Mais la décentralisation n'a de sens que si elle s'accompagne du transfert par l'État des crédits correspondants. Vous mettez en avant le réengagement de l'État, à hauteur de 8 millions d'euros en 2016, alors que les crédits représentaient 30 millions d'euros en 2012. Si vous voulez faire oeuvre de décentralisation, il faut plus d'argent, autrement cela reste un voeu pieu.
La notion de chef de file est importante pour motiver les régions. Dans le domaine de la culture, nous assistons à un désengagement de tous côtés : de la part de l'État, des départements et des villes. En attribuant aux régions une mission spécifique, on les oblige. Je suis déçu que vous ne compreniez pas cette logique.
Nous sommes opposés à ces différents amendements. Nous regrettons que vous n'écoutiez pas davantage la voix du Sénat qui est une voix raisonnable.