Merci, madame la présidente, d'avoir organisé, à une semaine d'intervalle, l'audition de Mme Paugam et celle de M. Rioux, sur les mêmes points du dossier. Il est absolument essentiel que nous enregistrions les options en cours.
Le rapprochement suscite pratiquement l'unanimité, en tout cas de nombreuses voix s'élèvent pour dire que c'est une très bonne chose. Le nouveau groupe bénéficiera d'une puissance financière accrue – fonds propres, prêts, dons – et d'une ouverture sur le réseau des collectivités territoriales.
Je voudrais aborder cinq points sous forme de question.
Première question : quelle pourrait être la composition du conseil d'administration ? Vous avez évoqué la création d'un poste de président-directeur général (PDG) puisque les deux fonctions seront vraisemblablement réunies sur la même tête, mais il me semble tout à fait essentiel de modifier aussi la composition du conseil d'administration. Étant administrateur de l'AFD, je constate qu'il y a beaucoup de monde autour de la table, mais je ne suis pas certain que les personnes les plus indiquées y soient. Qu'il y ait des représentants de l'État, du Parlement et de la CDC, cela va de soi. Mais il me semble important que les collectivités territoriales y siègent en tant que telles, et pas seulement par le biais de représentants de l'Assemblée nationale et du Sénat. Les organisations non gouvernementales (ONG) et les entreprises mériteraient aussi d'être là, et pas seulement à travers une filiale de l'AFD, qui deviendra une filiale de la filiale, d'une certaine façon. Ces entités doivent être effectivement représentées pour que l'on puisse aborder toutes les questions.
Deuxième question : n'est-ce pas le moment de dépasser l'espèce de conflit économico-idéologique entre aide liée et aide non liée, qui défavorise souvent le monde économique français et les entreprises françaises ?
Troisième question connectée à la précédente : comment améliorer la coordination entre nos différentes représentations – politique économique, solidarité internationale – à l'étranger ? Nous avons tous pu constater sur le terrain qu'il était très difficile d'entendre des voix différentes sinon discordantes, et que l'efficacité n'était pas toujours au rendez-vous. Selon vous, quelle devrait être la place de l'ambassadeur ? Doit-il être un coordinateur ou seulement le représentant du ministre des affaires étrangères ?
Quatrième question : comment mieux articuler au plan international les actions du futur groupe CDC-AFD et celles des collectivités ? Dans ce domaine, l'effet bénéfique de la CDC est peut-être un peu surévalué. Intervenir à l'étranger n'est pas dans la culture de la CDC dans son ensemble, seulement dans celle de certaines de ses filiales. Dans un premier temps, il y a beaucoup plus à apprendre des régions, des grandes villes et des métropoles. Je pense, par exemple, au concept de ville durable, à des équipements sociaux ou hospitaliers qui sont de véritables références en France et qui doivent être valorisés à l'étranger, y compris dans l'action de cette nouvelle entité. Qu'en pensez-vous ?
Enfin, vous avez évoqué, à juste titre, l'enrichissement que peut représenter la réforme en termes de parcours professionnels pour les salariés des deux entités. Comment peut-on l'organiser ? Peut-il y avoir une politique de ressources humaines commune ? Si la mobilité repose sur le seul volontariat, je crains qu'il ne faille attendre une décennie, voire une génération, avant que les deux cultures ne se fondent. Il faut aller plus vite que cela, pour les raisons que vous avez évoquées. Ceux qui étaient très jeunes à leur arrivée à l'AFD – et qui le sont un peu moins aujourd'hui – se trouvent bloqués dans leur évolution de carrière ; il me semble important de leur proposer des débouchés à la faveur de ce rapprochement. De même, il pourrait être valorisant pour certains cadres de la CDC de faire un parcours au sein de l'AFD.