Intervention de Danielle Auroi

Réunion du 16 mars 2016 à 8h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanielle Auroi, présidente :

Je vous remercie d'avoir bien voulu venir ce matin vous entretenir avec les députés membres de la Commission des affaires européennes sur la question migratoire en Europe.

Je voudrais saluer à cet égard l'action de MSF, fortement impliqué pour soutenir les réfugiés et les migrants, aussi bien en termes de logistique qu'au plan sanitaire et pour faciliter leurs démarches juridiques de demande d'asile.

Votre organisation a une longue expérience de la prise en charge des migrants et personnes déplacées, et votre action s'inscrit dans la durée. C'est pourquoi il nous a paru très intéressant d'entendre votre témoignage.

Les États membres de l'Union européenne ont mal anticipé les conséquences humanitaires de l'afflux de migrants en Europe suite aux conflits en Syrie mais plus largement au Moyen-Orient et à l'instabilité politique en Afghanistan ou encore en Libye par exemple. La solidarité européenne est fortement mise à mal, beaucoup d'États ayant une réaction de repli. Des initiatives désordonnées ont été prises par certains pays pour tenter de se protéger alors que seule une action coordonnée de l'ensemble des États membres pourra permettre de sortir par le haut de cette crise.

Il faut plus de solidarité, entre États et vis-à-vis des réfugiés.

Je voudrais vous poser quelques questions sur les activités de MSF en faveur des migrants et des réfugiés.

Nous serions intéressés notamment à ce que vous puissiez nous préciser ce que vous faites sur les sites de Calais et de Grande-Synthe, et, dans ce cadre, en particulier, votre action spécifique vis-à-vis des personnes les plus vulnérables.

Quelle appréciation portez-vous sur le traitement de la situation des mineurs isolés ? Sont–ils aidés notamment pour faire aboutir les procédures de rapprochement familial lorsqu'ils ont de la famille déjà présente en Grande Bretagne ? La situation des femmes est aussi très occupante car elles sont victimes de violences sur ces sites comme elles l'ont été au cours de leur parcours migratoire.

Quelle est votre appréciation sur la présence de passeurs qui feraient pression sur les réfugiés, les dissuadant d'accepter de quitter les sites du calaisis pour des centres d'accueil et d'orientation ? La lutte engagée par les pouvoirs publics contre les filières de passeurs vous semble-t-elle efficace ?

Concernant votre action dans les centres d'accueil en Grèce, à la frontière de la Macédoine et en Italie, pouvez-vous nous faire part de votre analyse sur le fonctionnement de ces centres de premier accueil des réfugiés ?

Plus largement, qu'elle appréciation peut-on porter sur le mécanisme de relocalisation qui repose sur l'idée d'une plus juste répartition des réfugiés entre les États membres, mais qui fonctionne encore tout à fait au ralenti ? Pensez-vous qu'il faille plutôt privilégier la procédure de réinstallation, certains migrants susceptibles d'obtenir l'asile venant directement à partir de centres de réfugiés situés aux frontières extérieures de l'Union européenne ? Amnesty international s'est récemment montré critique vis-à-vis de cette procédure.

Le Haut-commissaire aux réfugiés de l'ONU, Filippo Grandi, s'est dit « profondément préoccupé », par l'accord entre la Turquie et l'Union européenne sur les migrants, cet accord conduirait à un « retour indiscriminé de gens d'un pays à un autre » sans que les situations individuelles puissent être appréciées. Quelle est la position de MSF vis-à-vis cet accord ?

Quelle appréciation peut-on par ailleurs avoir sur la portée de l'accord que Frontex et l'Otan viennent de signer pour que des navires de l'Otan se déploient en mer Égée ? Quelle efficacité peut- on à votre sens en espérer ? Vous avez récemment suspendu votre participation aux opérations de sauvetage en mer Méditerranée, après avoir sauvé 23 000 personnes en 2015. Pensez- vous reprendre ces actions au printemps ? Estimez-vous que Frontex dispose de moyens suffisants alors qu'à l'origine cette agence a été créée pour s'occuper des migrants économiques ?

Au-delà de la crise migratoire actuelle, comment mieux organiser dans la durée la gestion des migrations en Europe ? Faut-il se doter d'un régime commun de l'asile, avec une agence européenne chargée d'instruire les demandes ? Comment notamment à votre sens traiter la question du choix du pays de destination par les demandeurs d'asile ?

Je voudrais finir en évoquant la question des moyens financiers consacrés à la crise migratoire. Le Conseil européen vient de donner son accord pour créer un nouvel instrument d'aide humanitaire, Euro ECHO, qui permettra de mobiliser 700 millions sur trois ans et dont la Grèce, qui a accueilli 35000 migrants pour les premiers mois de 2016, sera le premier bénéficiaire pour 300 millions cette année.

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