Intervention de Arnaud Leroy

Réunion du 16 mars 2016 à 8h30
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaArnaud Leroy :

Merci de cette présentation exhaustive et merci pour ce que vous faites. Vous comblez des lacunes criantes et inquiétantes de l'action publique.

Je voudrais vous poser des questions sur les enfants. Je viens d'écrire au Président de la République sur cette question. L'UNICEF avance des chiffres assez conséquents, on parle de plus de dix mille enfants disparus. Que peut-on faire, notamment lorsqu'on les a localisés, soit dans des hotspots, soit sur notre territoire, à Calais, Grande-Synthe ou ailleurs ? Comment peut-on s'assurer que des enfants âgés de 8 à 15 ans ne retournent pas dans les mains des passeurs pour divers trafics ? Il faudrait mettre en place un programme spécifique, et vous pourrez compter sur mon soutien plein et entier si on va dans cette direction-là.

Deuxième point, la question de la coopération. Vous parliez tout à l'heure des opérations en mer. Je suis avec intérêt ce que vous avez fait l'année dernière, je suis ce que fait aujourd'hui Médecins du Monde cette année avec l'Aquarius. On sait qu'il y a un sujet de financement de SOS Méditerranée. Ce n'est peut-être pas la peine que MSF finance seul ce type d'intervention alors qu'une coopération serait possible entre plusieurs ONG. Mais peu d'organisations ont une taille suffisante à l'échelle européenne. Comment renforcer cette coopération entre organisations humanitaires ? Cet effort semble d'autant plus urgent que comme vous le dites, les arrivées de migrants risquent de s'intensifier au printemps, la stabilité politique n'étant pas de retour au Moyen-Orient ou en Afrique du Nord.

Enfin, sur la question du financement européen, j'entends que chaque semaine on annonce un nouveau programme, une nouvelle ligne, et c'est tant mieux. Mais est-ce que l'argent est vraiment disponible ?

C'est notre responsabilité politique de dire clairement que la crise migratoire va durer. On doit porter ce message politique au-delà des questions partisanes. Je voudrais qu'on ait quelque certitude sur cette question-là. C'est aussi notre rôle politique de vous appuyer à Bruxelles. On a un commissaire dédié à la question, certes. Mais quand j'entends que l'on consacre 300 millions d'euros pour créer des lieux pour les accueillir, alors qu'on parle de 6 milliards pour l'accord avec la Turquie, je suis surpris par la différence d'échelle. Entre 300 millions pour agir, protéger, vacciner, héberger, nourrir, et 6 milliards pour renvoyer des gens… Il y a un combat politique à assumer sur cette question. Je crois qu'il faut au niveau communautaire parvenir à accélérer le déblocage des lignes de financement beaucoup plus rapidement qu'aujourd'hui.

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