Monsieur le président Jacob, ce matin, Bruxelles, le coeur de l’Europe, le siège de nos institutions européennes, ont été frappés par le terrorisme islamiste, par le déferlement de l’idéologie de mort qui s’est abattue sur notre pays en janvier et novembre 2015. Chacun comprend bien que ce qui se passe depuis plusieurs jours à Bruxelles est directement lié à ce que nous avons connu il y a quelques semaines. L’Europe, qui a déjà été frappée, est à nouveau en deuil. Toutes nos pensées vont aux très nombreuses victimes et à leurs familles. J’adresse tout le soutien de la France au peuple belge, ce peuple ami et voisin. Nous sommes à ses côtés, solidaires dans la souffrance et face aux actes de guerre qui viennent de se produire, car nous sommes en guerre. L’Europe est en guerre, car l’État islamiste, Daech, lui a déclaré la guerre.
L’arrestation d’un individu et de ses complices ne saurait être un motif de soulagement, comme le Président de la République, moi-même et les ministres des affaires étrangères, de l’intérieur et de la défense l’avons dit samedi. Nous savons qu’il s’agit d’une étape et que la guerre se poursuit. Nous faisons face à une organisation terroriste dont la force de frappe est sans précédent et l’organisation logistique d’une ampleur inédite – chacun doit bien avoir à l’esprit le nombre d’individus impliqués dans l’organisation de ces attentats. Elle a ses bastions, ses financements, ses réseaux et ses cellules. Elle recrute, mobilise et embrigade au coeur même de nos sociétés.
Au nom de l’islam radical et d’une idéologie totalitaire, Daech mais aussi des succursales d’Al-Qaïda, qui se livrent à une forme de concurrence dans la violence terroriste, ont en commun la haine de la démocratie. C’est pour cela qu’ils frappent sur notre sol. C’est pour cela qu’ils frappent en Europe, aujourd’hui en Belgique, hier en Tunisie, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire et encore hier soir au Mali. La France, l’Europe, l’Afrique, le Proche-Orient et le Moyen-Orient seront à nouveau visés et frappés. Cette certitude ne doit jamais quitter notre esprit. Nous devons répondre ensemble avec la plus grande force, la plus grande détermination et le plus grand sang-froid.
Nous répondons militairement avec nos armées déployées en Irak, en Syrie et au Sahel. Nous protégeons les Français sur le territoire national. Nous vivons sous le régime de l’état d’urgence et avons adopté des textes visant à le renforcer. Vous venez d’adopter ici à l’Assemblée nationale, mesdames, messieurs les députés, un texte présenté par le garde des sceaux visant à renforcer les pouvoirs d’action des policiers, des gendarmes et des magistrats. Aujourd’hui même, le ministre de l’intérieur a adressé aux préfets, compte tenu de la situation, une circulaire visant à renforcer les mesures de sécurité déjà en vigueur. Tout cela s’ajoute au déploiement de policiers, de gendarmes et de militaires annoncé ce matin par Bernard Cazeneuve afin de renforcer tous les dispositifs déjà déployés sur notre sol depuis des mois tels que le contrôle aux frontières.
Tout cela, nous le faisons ensemble. C’est une force de notre démocratie que la majorité et l’opposition puissent faire face ensemble à la menace terroriste. Il faut, par ailleurs, agir au niveau européen, comme vous-même, monsieur le président Jacob, et le ministre de l’intérieur l’avez rappelé. L’Europe est attaquée. Contrairement à ce que l’on entend parfois, la réponse doit donc être aussi européenne. Notre espace de liberté doit également être un espace de sécurité. La France continuera de peser de tout son poids, car il y a urgence, comme le Président de la République, moi-même et le ministre de l’intérieur ne cessons de le répéter. Quant au PNR, il doit être débattu conjointement avec un autre sujet en avril au Parlement européen. À mon tour, je dis qu’il est temps de l’adopter. Je le dis notamment aux groupes socialistes et écologistes du Parlement européen.