J'en viens maintenant au fond du débat pour répondre à certains des arguments avancés par les adversaires de ce projet. En surplomb de ces arguments, on entend l'invocation de la nature humaine et de ses exigences. L'on appelle à la rescousse l'anthropologie, alors que, s'il y a bien une réalité que cette science nous enseigne, c'est la pluralité, dans le temps et dans l'espace, des modèles familiaux. J'avoue ma perplexité et mes réticences à invoquer, dans ce débat comme dans d'autres, l'idée de nature. Je partage tout à fait ce qu'a écrit Mme Martine Chantecaille, enseignante en philosophie : « Quand bien même la nature serait l'origine de certaines situations, cela n'en fait pas pour autant le fondement que le droit devrait suivre […]. Le fondement du droit ne peut être la nature, au demeurant plus souvent fantasmée que réelle, mais bien plutôt l'idéal moral de l'égalité des êtres humains. »
Un autre des arguments avancés par les opposants à ce projet de loi est que nous ne ferions que légiférer pour une infime minorité de la population.