Intervention de Henry Brin

Réunion du 22 mars 2016 à 16h00
Commission des affaires économiques

Henry Brin, président du conseil de l'artisanat de la Fédération française du bâtiment, FFB :

La Fédération française du bâtiment s'intéresse évidemment à la question du numérique mais en voulant raison garder : vouloir adapter le secteur du bâtiment au numérique sans un maillage territorial universel pose un véritable problème.

Nous avons des problématiques concernant la couverture et les débits du réseau, il y a une fracture entre les métropoles et la ruralité. Même si le secteur du bâtiment s'inscrit dans la révolution numérique, en raison de la numérisation des appels d'offres ou des déclarations sociales ou fiscales, ou encore via le BIM, il s'y inscrit avec prudence.

Il y a 30 ans, on parlait déjà de la domotique comme une révolution à venir pour le secteur. Celle-ci existe aujourd'hui, mais à la marge. Cette évolution participe d'une réflexion plus générale : comment peut-on faire évoluer le secteur du bâtiment ? On va naturellement vers un processus où les artisans seront mieux formés, ou ceux-ci travailleront de manière plus transversale avec les différents corps de métiers pour s'adapter aux enjeux actuels, en particulier sur la performance énergétique.

Pour autant, il y a aussi des freins et des incompréhensions ; en particulier, on comprend mal pourquoi les gouvernements successifs ont poussé à la déréglementation d'un certain nombre de métiers. Derrière cela, on déstabilise un marché alors même que les artisans sont les derniers remparts du service public, qu'ils sont un lien de proximité avec les populations. Certes le numérique doit accompagner le bâtiment, mais l'acte humain doit être conservé.

Se pose par ailleurs la question des travailleurs détachés. Nous sommes européens, nous essayons de trouver des garde-fous, la Fédération française du bâtiment a obtenu la mise en place d'une carte d'identification, ce qui permet de vérifier sur les chantiers la légalité de la situation des salariés.

Concernant les marges, depuis 2008, on voit bien que pour un nombre important d'entreprises, les prix sont anormalement bas pour des prestations de plus en plus pointues. Nous devons respecter un double objectif : conserver la formation professionnelle avec des approches de plus en plus transversales dans l'exercice de nos métiers ; et mettre en place des règles pour le plus grand nombre.

Le Gouvernement, à travers la loi pour l'artisanat, le commerce et les très petites entreprises a pu, par exemple, faire évoluer le régime de l'autoentrepreneur ; il faut aller plus loin mais sans remettre en cause les seuils actuels. On doit évidemment favoriser l'entrepreneuriat mais sans mettre en place un système parallèle qui vienne concurrencer les artisans de manière plutôt déloyale, et pas toujours au bénéfice du consommateur, par exemple au regard de la qualité des prestations et des assurances apportées.

Quand on voit les services offerts en ligne, on découvre un certain nombre d'intermédiaires favorisant les autoentrepreneurs. Il ne faut pas que ces intermédiaires viennent concurrencer nos entreprises. Or, on peut trouver sur ces sites des annonces pour refaire entièrement à neuf un studio. Il faut donc pouvoir réglementer le système pour que les plus démunis puissent avoir accès à ces services mais pas dans n'importe quelles conditions.

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