Intervention de Audrey Linkenheld

Séance en hémicycle du 29 mars 2016 à 9h30
Questions orales sans débat — Commerces aux abords du stade pierre mauroy à villeneuve-d'ascq

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAudrey Linkenheld :

Monsieur le ministre de la ville, de la jeunesse et des sports, la France est heureuse d’accueillir, en juin prochain, l’Euro 2016. Les amateurs de football et, au-delà, tous ceux qui apprécient le sport et les valeurs qu’il transmet, s’en réjouissent. Plusieurs grandes villes ont la chance d’être les partenaires et les hôtes de cette compétition. Ma question portera sur le niveau de mobilisation qu’on attend d’elles ou plutôt que l’UEFA – l’Union des associations européennes de football – semble leur imposer. Des inquiétudes persistent en effet, à quelques mois du lancement de l’événement.

La première interrogation concerne les règles auxquelles l’UEFA soumet les commerçants situés à proximité des stades et des « fans zones », comme à Villeneuve-d’Ascq et à Lille. À la demande des élus locaux, certaines concessions – j’emploie le mot à dessein – ont été accordées par l’UEFA aux commerçants installés aux abords du stade Pierre Mauroy, mais elles demeurent manifestement insuffisantes.

Ces commerces, situés dans le fameux périmètre de sécurité, devront en effet masquer leurs propres devantures et enseignes. Ils ne pourront vendre que les produits des marques partenaires de l’UEFA. Mais surtout, ils devront d’abord s’acquitter d’une redevance de 600 euros par cellule et par jour de match – rien que ça ! Et s’ils refusent, ils devront tout simplement rester fermés, cachés derrière des bâches occultantes.

Ces contraintes sont évidemment difficiles à accepter, difficiles quand on connaît – et on les connaît ! – les ressources financières dont disposent l’UEFA et ses entreprises partenaires, difficiles aussi quand on sait que les commerces concernés ont fait le pari de s’installer les premiers au pied de cette infrastructure encore récente qu’est le stade Pierre Mauroy. Leur pari n’est pas encore gagné et leurs revenus ne sont pas stabilisés, loin s’en faut.

Ils attendent donc avec impatience, comme nous tous, l’Euro 2016 mais, pour y contribuer, ils ont vraiment besoin d’un coup de pouce et pas d’un coup de massue.

De la même manière, les élus locaux, qui ont déjà accompli beaucoup d’efforts à la fois financiers et logistiques pour garantir un accueil de grande qualité à cet Euro 2016, sont inquiets des charges supplémentaires qui pourraient leur incomber en matière de sécurité.

Personne ne veut bien sûr prendre ce sujet à la légère, surtout pas après les terribles attentats qui ont encore frappé, chez nos tout proches voisins belges. Et personne ne veut renoncer à la belle fête sportive qui se prépare car elle incarne justement ce que nous ne voulons pas céder aux terroristes. Mais la sécurité a un coût, qui ne peut pas être supporté seulement par le pays organisateur, ses communes ou ses commerces.

Aussi, je souhaiterais, monsieur le ministre, que vous puissiez dire aux commerçants ainsi qu’aux élus locaux quelles sont les marges de manoeuvre dont le Gouvernement entend user, particulièrement, peut-être, auprès de l’UEFA, pour rétablir un meilleur équilibre entre les acteurs multinationaux et les acteurs de proximité, afin que les dépenses liées à l’Euro 2016 soient partagées, au moins autant que les gains.

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