Monsieur le député, il nous faut vouloir le redressement de la Grèce à la fois par solidarité et pour la sécurité de l’Europe. Vous l’avez dit en effet, en pleine crise migratoire, nous ne pouvons pas laisser la Grèce devenir un goulot d’étranglement parce que la route des Balkans est coupée, parce que la Macédoine a fermé sa frontière, parce que les pays des Balkans craignaient d’être déstabilisés par l’arrivée de très nombreux réfugiés, parce que l’Autriche et finalement l’Allemagne ne pouvaient pas continuer à accueillir cette année plus d’un million de réfugiés, comme ce fut le cas l’année dernière.
Il y avait donc une urgence et c’est pourquoi la France a demandé que plusieurs décisions soient prises. La première est qu’un budget d’aide humanitaire spécifique, pour un pays de l’Union européenne confronté à une situation d’urgence humanitaire, puisse être débloqué sur les fonds Echo – European Commission Humanitarian Office – qui d’habitude sont utilisés pour des pays tiers : 700 millions d’euros seront mis à disposition des pays confrontés à cette situation. Aujourd’hui, c’est bien de la Grèce dont il s’agit. Soit 300 millions cette année, puis 200 millions en 2017 et en 2018 si c’est nécessaire.
Deuxièmement, il y a en Grèce des centres d’accueil et d’enregistrement : les fameux hotspots. Encore faut-il que des personnels compétents, en matière de police des frontières et d’asile, soient mis à disposition. Le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve et son homologue allemand ont décidé que la France et l’Allemagne enverraient 600 personnels spécialisés : 300 par chacun des deux pays, dont 200 au titre de Frontex et 100 pour le Bureau européen d’appui à l’asile, pour aider la Grèce à mettre en oeuvre l’accord avec la Turquie qui comprend un accord de réadmission pour les migrants en situation irrégulière et un accord spécifique concernant les Syriens, afin de vérifier que leur droit à l’asile est respecté. Il n’y aura pas d’expulsions collectives. Toute demande d’asile sera traitée individuellement et pourra faire l’objet d’un recours. Nous sommes aux côtés de la Grèce, aujourd’hui dans la crise migratoire comme nous l’étions hier dans la crise de l’euro.