Votre question est double : elle porte autant sur les moyens de l’Agence de financement des infrastructures de transport que sur nos priorités en ce domaine. Si l’on s’en tient à un examen ponctuel de la situation – une photographie prise à un instant donné, en quelque sorte –, on en arrive assez logiquement à la conclusion suivante : la seule solution est de choisir entre grands projets structurants et transport du quotidien. Je voudrais pourtant vous convaincre que nous ne sommes pas obligés, en réalité, de nous enfermer dans une alternative de cette nature. Ce n’est qu’une question de programmation.
Quelle est la situation ? Notre réseau ferré est vieillissant et nécessite d’être restructuré – cela prendra, je l’ai dit, entre sept et dix ans. Pour y parvenir, il faudra y consacrer des moyens. Devrons-nous pour autant renoncer, sur le long terme, à des réseaux structurants ? Personne ne peut l’affirmer d’emblée. Peut-être que le moment venu, nous n’aurons pas les moyens de les réaliser, mais dans l’immédiat, il s’agit d’un faux débat, et un tel raisonnement nous conduit dans une impasse.
Au fond, la situation est claire. Nous devons assurer le financement de quatre lignes à grande vitesse dont la construction a été décidée au même moment. Nous en voyons les conséquences ; il faut maintenant « digérer » cet effort. Dès lors, s’il faut reporter la réalisation de projets, elle le sera, mais pour ma part, je ne veux pas renoncer à de nouveaux axes structurants, en particulier en matière de grande vitesse.
À propos de la grande vitesse, d’ailleurs, il convient d’adopter une vision économique plus globale avant de parler d’échec. Il suffit de mesurer son impact sur les territoires concernés – je pense à ceux qui, au sud de Bordeaux, sont en lien l’Espagne, du côté de Montpellier et de Perpignan. Nous devons penser en termes d’aménagement du territoire et éviter de prendre, du jour au lendemain, la décision de laisser de côté des questions aussi importantes.
Cela étant, la priorité actuelle est bien le transport du quotidien. Avec quels financements ? À ce sujet, vous avez pratiquement tout dit, monsieur le député. À moins de renoncer à certaines dépenses, nous aurons besoin de moyens supplémentaires. Pour commencer, l’AFITF pourrait dépenser l’ensemble des recettes qui lui sont destinées – aujourd’hui, vous le savez, une partie est réaffectée au budget général. Mais peut-être faudrait-il aller plus loin et envisager la création d’une recette spécifique supplémentaire. En tous les cas, il n’y a pas de solution miracle : si l’on veut poursuivre une politique d’investissement, il faudra trouver des recettes pour la financer. C’est en ce sens que je milite.