Monsieur le président, monsieur le ministre, chers collègues, le Conseil agriculture qui s’est tenu à Bruxelles le 14 mars dernier a adopté des mesures qui visent à sortir les éleveurs de la précarité, notamment dans le secteur laitier, particulièrement touché depuis la fin des quotas il y a tout juste un an, et qui concerne 16 000 producteurs français en zone de montagne.
Parmi ces mesures figurent le doublement de la capacité de stockage et la possibilité, pour six mois renouvelables, de recourir, entre producteurs et transformateurs, à des accords de limitation de la production. Ces deux mesures peuvent jouer un rôle salutaire de régulation sur le volume global de la production laitière, à condition qu’ils soient mis en oeuvre solidairement dans tous les États membres.
Or certains éleveurs ont une stratégie de volume tournée entièrement vers l’exportation, dans un contexte où les marchés mondiaux ne cessent de tirer les prix à la baisse et ne sont rémunérateurs que pour les produits transformés apportant une forte valeur ajoutée. La régulation de la production laitière par les seuls marchés mondiaux condamnerait donc à court terme le maintien d’élevages laitiers dans les territoires de montagne, où ils assument, outre un rôle alimentaire, des fonctions essentielles aussi bien en matière d’aménagement du territoire et d’entretien de l’espace et des paysages, que de patrimoine, en termes de savoir-faire et de productions de qualité. Je rappelle qu’un tiers du lait produit en montagne est transformé en produits AOP et que sur les quarante-six AOP laitières françaises, vingt sont produites en montagne.
La qualité et la traçabilité des produits constituent une voie décisive pour garantir la pérennisation de la production laitière en montagne. C’est pourquoi, parmi les décisions du 14 mars, l’autorisation accordée à la France, que vous avez obtenu, monsieur le ministre, pour expérimenter l’affichage de l’origine des produits laitiers et des viandes dans l’étiquetage des produits agroalimentaires va dans le bon sens, même s’il est nécessaire d’aller plus loin.
Lors du congrès de la Fédération nationale des producteurs de lait – FNPL –, vous avez, monsieur le ministre, mis en place un groupe de travail et de concertation avec les producteurs laitiers pour finaliser les modalités des décisions communautaires à mettre en oeuvre. Vous vous êtes également engagés à mettre en place un groupe de travail « Lait de montagne » pour élaborer une stratégie de valorisation de ce lait auprès des consommateurs, afin de mieux rémunérer les producteurs qui doivent faire face à des coûts de production plus élevés, notamment en collecte. Dans ce cadre, pouvez-vous nous dire quelles mesures spécifiques vous comptez développer à destination des éleveurs laitiers de montagne pour les accompagner – en matière d’innovation, d’ingénierie, d’investissement – dans une démarche de meilleure valorisation de leur production et de développement de nouveaux débouchés ?