Intervention de Nicolas Grivel

Réunion du 24 mars 2016 à 9h00
Mission d'évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale

Nicolas Grivel, directeur général de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine, ANRU :

Qu'aurions-nous fait sans PIA ? C'est une bonne question. Le premier programme de rénovation urbaine a permis certaines avancées écologiques – on peut penser au projet important des Mureaux. Dans le cadre du NPNRU, qui s'inscrit dans un contexte marqué par la COP21 et la loi relative à la transition énergétique, l'accent mis sur les problèmes écologiques sera évidemment plus fort encore.

Mais le PIA me semble avoir de vraies vertus : le risque pour nous est de travailler quartier par quartier, en tuyaux d'orgue, dans un mouvement certes d'écoute et de financement de projets qui nous viennent du terrain, mais auquel l'animation, la stimulation permises par des innovations venues d'ailleurs pourraient faire défaut. Le PIA permet d'investir et de financer des projets de transformation, vraiment innovants dont nous pourrons tirer les enseignements pour aller plus loin. Il doit nous permettre de construire une démarche d'innovation en allant chercher des acteurs auxquels nous n'aurions pas spontanément fait appel.

Il est intéressant pour l'ANRU d'être gestionnaire de PIA pour différentes raisons, mais en particulier parce que ces projets peuvent en retour nous amener à transformer l'ensemble de nos programmes. Nous développons des projets de smart grids, de gestion de l'eau… qui n'auraient sans doute pas existé sans la spécificité du PIA.

S'agissant du second axe, qui porte sur la diversification fonctionnelle, avec des financements en fonds propres, il nous conduit en effet à exercer un métier quelque peu nouveau, celui d'investisseur. Il s'agit en effet d'accompagner des investisseurs privés qui ne vont pas spontanément dans les quartiers, afin d'apporter de l'activité économique – hôtels d'entreprises, centres d'affaires de quartier, pépinières… – ou de l'activité commerciale, mais aussi d'opérer une diversification des formes d'habitat en construisant par exemple des résidences pour seniors ou pour étudiants.

Il nous faut donc identifier des investisseurs qui pourraient être intéressés si nous leur proposons un partage du risque financier. C'est un sujet très difficile, mais très prometteur : la rénovation urbaine transforme les quartiers de fond en comble, non seulement en changeant le cadre de vie, mais aussi les rendant plus accessibles ; ils deviennent donc plus attractifs, et leur image peut évoluer. Certains quartiers, déjà transformés par le premier programme de rénovation urbaine, peuvent déjà espérer recevoir de tels investissements.

Dans les 1 500 quartiers désignés comme prioritaires par la politique de la ville, nous cherchons donc des lieux qui pourraient accueillir ces nouvelles fonctions économiques, mais aussi des investisseurs qui pourraient être intéressés, et des projets qui pourraient nous réunir. Nous devons raisonner en investisseurs, dans une logique à la fois d'investisseur avisé et d'investisseur d'intérêt général, avec des objectifs de rentabilité qui ne sont pas forcément ceux d'autres acteurs.

Nous avons conclu sur ce sujet une convention avec la CDC, ce qui devrait renforcer la confiance des acteurs privés.

Nous en sommes au tout début, c'est-à-dire à la captation de la bonne volonté d'élus qui cherchent à développer des projets économiques d'un côté, et de l'autre côté d'investisseurs qui croient au potentiel de ces quartiers, qui comprennent qu'il y a un risque supplémentaire, mais aussi peut-être, à terme, une rentabilité plus forte. Il nous revient d'organiser la rencontre de ces deux univers, qui s'ignorent souvent : on ne pense pas spontanément aux quartiers de la politique de la ville, qui sont essentiellement résidentiels et parfois difficiles, comme à des lieux adaptés à l'investissement économique. Pourtant, la nouvelle attractivité née de la rénovation peut permettre d'attirer des investissements qui à leur tour accéléreront les changements.

Restera encore à insérer ces projets d'investissement dans un projet global de ville durable et solidaire, afin qu'ils soient non seulement un levier de diversification fonctionnelle mais aussi d'insertion dans une ville durable.

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