Intervention de Danielle Auroi

Séance en hémicycle du 31 mars 2016 à 15h00
Débat sur l'accueil des réfugiés en europe

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanielle Auroi, présidente de la commission des affaires européennes :

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, mes chers collègues, c’est sur l’initiative de notre commission des affaires européennes que nous sommes réunis aujourd’hui pour débattre de l’accueil des réfugiés en Europe, un sujet majeur pour l’avenir de l’Union, qui met en cause ses valeurs, sa raison d’être même ; tous ceux qui m’ont précédé à cette tribune l’ont souligné.

L’Union ne peut en effet être seulement une communauté d’intérêts économiques ; elle est aussi, depuis l’origine, un projet de paix, de démocratie, au service des peuples, au coeur duquel se trouve la protection des droits humains. La crise des réfugiés devrait être pour l’Europe le symbole de sa solidarité au lieu de représenter pour cette entité le risque de perdre son âme. Il devient donc urgent pour l’Union de se ressaisir et de retrouver ses valeurs fondamentales. Et dans ce contexte, notre pays, par son histoire particulière, a une responsabilité plus forte.

Que constatons-nous aujourd’hui ? Après l’échec cuisant des propositions de relocalisation faites par Jean-Claude Juncker voilà quelques mois, l’Allemagne cherche à organiser la solidarité entre les États membres, car elle considère, à juste titre, que l’accueil des réfugiés est une obligation morale pour l’ensemble des pays de l’Union européenne. Dans le même temps, la Hongrie fait l’objet d’une procédure d’infraction de la part de la Commission européenne au sujet de sa législation en matière d’asile, car elle est de plus en plus intolérante. En France, un préfet cherche à entraver les efforts de ceux qui souhaitent apporter un abri décent aux réfugiés à Grande-Synthe. Est-ce vraiment cela, la solidarité ? Bref, on a l’impression que l’Union a perdu sa boussole, et que face à cet enjeu majeur, les États membres sont en train de piétiner les bases même du droit d’asile.

La guerre est à nos portes en Irak, en Érythrée, en Syrie et en Libye et nous regardons ailleurs. Certes, l’accueil de plus de 1 million de personnes depuis début 2015 pose incontestablement un défi aux États européens. Nous oublions, et cela a été rappelé voilà quelques instants, que d’autres pays ont fait face à une arrivée de réfugiés bien plus massive – la Jordanie, le Liban, la Tunisie – avec des moyens financiers sans comparaison avec ceux dont les États européens disposent.

J’en viens à l’accord qui a été passé entre l’Union européenne et la Turquie le 18 mars dernier et dont le texte définitif n’est toujours pas disponible.

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