Au vu de l’action qu’il mène depuis maintenant quatre ans, je pensais en effet qu’il se faisait une autre idée de ses responsabilités – mais je referme cette parenthèse.
Bien sûr, il peut apparaître plus commode, pour la France – surtout par les temps qui courent, où l’on est obligé de racketter les personnes âgées et de réduire les pensions, puisque nous n’avons plus un sou vaillant –, de maintenir sa participation à l’OTAN.
Cependant, moi qui siège depuis dix ans en tant que député non inscrit dans cet hémicycle, et qui ne m’exprime que dans le cadre réservé à ces députés, à ceux qui sont ainsi devenus des sous-députés, je ne me résous pas – et j’espère que notre génération ne s’y résoudra jamais – à ce que notre pays devienne un sous-pays.
Nous n’avons pas le droit de nous résoudre à un tel abaissement. Nous n’avons pas le droit, madame la secrétaire d’État, d’engager notre pays dans une telle voie. Nous avons juste le droit d’y passer, de le servir – de toute notre âme, avec ce que nous avons de meilleur – et de le respecter.
Je ne sais pas combien de temps cela prendra, mais il nous faut essayer de mettre notre pays sur de vrais rails. L’OTAN ne nous apporte plus rien. Au contraire, elle nous oblige à faire la guerre à des amis ; elle est à l’origine de beaucoup de nos malheurs actuels, que je n’ai pas le temps d’énumérer dans la minute et demie qui me reste. Mais chacun ici connaît suffisamment la situation géopolitique qui prévaut aujourd’hui dans le monde pour savoir que tout cela n’est qu’illusion.
La France incarne, comme l’a dit à l’instant notre collègue Bernard Debré, une grande voix : celle de la liberté. Elle l’incarne jusque dans sa langue, une langue que nous avons aussi choisi de laisser tomber, comme si un jour nous nous étions résignés à voir la langue de Shakespeare l’emporter sur celle de Victor Hugo.
Nous n’avons rien à faire à l’OTAN, pas plus hier qu’aujourd’hui, pas plus aujourd’hui qu’hier, et encore moins dans cette parodie de haut commandement. Nous savons où nous en sommes arrivés depuis que nous y sommes, malheureusement, entrés.
Nous sommes les amis des États-Unis, nous sommes les amis de la Grande-Bretagne, mais nous savons bien qui a, et depuis fort longtemps, le dernier mot lorsqu’il s’agit de parler de l’essentiel. Or, la France ne peut vivre qu’en étant elle-même.
Le monde et, encore plus l’Europe, ont besoin d’une France qui puisse à nouveau parler et s’exprimer. Nous trouverons alors les ressources nécessaires, tant sont immenses les ressources aujourd’hui inexploitées, je pense par exemple au soleil et aux marées, pour créer de nouvelles énergies renouvelables.
Il nous faudra aussi nous redonner un destin en Afrique, un continent qui comptera 800 millions de jeunes dans vingt ans, soit le nombre total d’habitants que comptera l’Europe – Russie comprise – au même moment.
Mesdames et messieurs, mes chers collègues, il faut mettre fin à la descente aux enfers à laquelle assiste, impuissante, notre génération, car elle entraîne notre peuple tout entier.
Et si nous attendons aujourd’hui le concours de nos amis américains et anglais, nous courons le risque de nous retrouver encore plus seuls, avec une révolution intérieure en prime.
Madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, je sais que je n’emporterai pas votre adhésion, mais je suis heureux qu’il existe encore des voix pour dire que la France n’existe pas que depuis ce matin.