Finalement, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, vous remettez au goût du jour la fameuse maxime de Colbert, selon qui l'art de lever l'impôt est celui de « plumer l'oie sans qu'elle crie ». N'est-ce pas la philosophie sous-jacente de ce projet ?
Plus sérieusement, je m'interroge sur la nature juridique du dispositif. À aucun moment vous ne vous prononcez sur sa constitutionnalité, mais vous n'êtes pas sans savoir que, parmi nos principes, celui du libre consentement à l'impôt est extrêmement fort. Or, avec une ponction ex ante effectuée par l'employeur, nous ne sommes plus dans une situation de libre consentement à l'impôt. N'y a-t-il pas là une fragilité juridique, voire un risque d'inconstitutionnalité ?
Par ailleurs, une autre réforme est prévue pour le 1er janvier 2018 : la simplification du bulletin de paie. N'y a-t-il pas là un risque de télescopage ? Ce sont deux objectifs complémentaires mais néanmoins différents qui sont poursuivis.
Se pose aussi la question de la responsabilité juridique, cette fois-ci, de l'employeur qui procédera au prélèvement. Elle ne se posait pas auparavant, puisque c'étaient les services des impôts qui effectuaient les prélèvements. Le transfert de cette activité aux entreprises ne risque-t-il pas de susciter des contentieux de ce point de vue ?