Nous recevons aujourd'hui M. Laurent Fabius, ministre des affaires étrangères, pour une audition consacrée à la situation au Mali et à l'engagement de nos forces armées. La séance se déroulera à huis clos, hors la présence de la presse. Dans le même temps, le ministre de la défense, M. Jean-Yves le Drian, s'exprime devant les commissions de la défense et des affaires étrangères du Sénat.
La crise au Mali a connu une brusque accélération lorsque les groupes terroristes du Nord ont repris leur offensive militaire dans les environs de Mopti, et ce alors que le front semblait stabilisé et que les négociations étaient sur le point de reprendre à Ouagadougou sous l'égide de la médiation burkinabée. Les forces militaires locales ont été très vite prises en défaut, ce qui a conduit le président de la république malienne, M. Diocounda Traoré, à écrire au Président de la République française – ainsi d'ailleurs qu'au secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-Moon – pour appeler au secours et demander de l'aide à la France.
Le Président de la République a donné son accord le jour même, si bien que les forces françaises sont engagées depuis vendredi dernier dans « l'opération Serval ». La France a été la première, et même la seule à ce niveau d'engagement, à montrer au Mali sa solidarité dans la situation particulièrement dangereuse que traverse ce pays. Non seulement l'initiative française a été unanimement saluée par la communauté internationale, mais nous avons commencé à recevoir des soutiens logistiques de la part de quelques-uns de nos principaux partenaires, notamment le Royaume-Uni. Il reste que, aujourd'hui encore, les forces armées françaises sont seules au combat. L'urgence de la situation, en raison de la menace qui pesait sur l'intégrité du Mali et la sécurité de la région, ainsi que le risque de voir se créer un État narcoterroriste au Sahel ont placé notre pays en première ligne.
Évidemment, il y a des risques : tous, nous pensons d'abord aux otages, ou à la possibilité d'actes de terrorisme sur notre territoire. Mais le Président de la République a décidé de les assumer, jugeant que l'absence d'intervention aurait fait courir à la région et à notre pays des risques plus graves encore.
Votre audition, monsieur le ministre, est évidemment cruciale pour l'information du Parlement, notamment s'agissant des objectifs, immédiats et à moyen terme, que nous poursuivons dans cette opération, de son cadre légal et de sa légitimité. Nous serons par ailleurs très attentifs au point de la situation que vous serez en mesure de faire. Hier soir, par exemple, le ministre de la défense indiquait que finalement Diabali, petite ville de l'ouest du Mali sur laquelle les groupes terroristes semblent avoir concentré leur offensive, n'avait pas été reprise, contrairement à ce qui avait été annoncé plus tôt. Par ailleurs, peut-être pourriez-vous nous apporter des informations sur certaines dépêches, comme l'article d'El Watan affirmant que deux Français ont été enlevés en Algérie, ou celui du Monde faisant état d'exactions de la part de l'armée malienne.