M. Dufau s'est interrogé sur la situation humanitaire du pays. Même avant l'intervention, elle était déjà difficile : 2 millions de Maliens sont en situation d'insécurité alimentaire, dont 500 000 dans le Nord. D'après les échos que nous recevons, la population malienne est cependant très satisfaite de l'intervention française, et en a donné des témoignages émouvants. Ainsi, certaines familles ont déclaré vouloir donner le prénom du lieutenant Boiteux à leur enfant.
Les Nations unies et l'Europe ont prévu d'intervenir sur le plan humanitaire, mais cela demande des moyens importants. Cela fait partie des thèmes qui seront abordés demain avec mes homologues européens. D'autres pays, comme les Émirats arabes unis, ont proposé leur aide. Enfin, la conférence des donateurs sera l'occasion d'aborder ce problème.
Le respect des droits de l'homme est évidemment une question essentielle. S'agissant de l'armée française, il n'en est évidemment pas question, mais nous avons expressément demandé aux autorités maliennes d'éviter tout débordement. Nous resterons vigilants sur cet aspect.
M. Dhuicq a évoqué l'état des forces maliennes. Il est absolument essentiel que nous les ayons avec nous, et que nous parvenions très vite à les former pour qu'elles puissent utilement combattre. Il appartient d'abord aux Maliens, et plus généralement aux Africains, de reconquérir l'intégrité du pays. C'est le sens de l'effort significatif consenti par les Européens en envoyant 500 personnes pour former l'armée malienne. Même en tenant compte de la force nécessaire pour protéger les formateurs, ce sont ainsi plusieurs centaines de personnes qui se consacreront à cette tâche sous le commandement d'un général français. Par ailleurs, outre l'aspect technique, le degré de détermination des forces maliennes sera d'autant plus fort qu'elles verront leur territoire sur le point d'être reconquis.
Oui, monsieur Candelier, l'intervention respecte la légalité. Elle se fonde sur l'article 51 de la Charte des Nations unies, qui prévoit la possibilité d'une intervention militaire à l'appel d'un pays en situation de légitime défense. Le Mali est membre de l'ONU, et a fait appel au soutien de la France, tout en formulant la même demande auprès du secrétaire général des Nations unies. L'article 51 donne donc toute sa légalité à l'intervention de notre pays, ce que personne ne conteste. On peut également mentionner la résolution n° 2085 qui concerne la Misma.
En ce qui concerne le coût de l'intervention, je ne suis pas en mesure d'en proposer une estimation sérieuse à ce stade.
Pour répondre à vos questions, la disponibilité du Gouvernement est entière, monsieur Folliot, même si nous avons manqué de temps, aujourd'hui, pour organiser cette réunion dans les meilleures conditions.
S'agissant des actes auxquels on peut s'attendre de la part des pays européens, ces derniers ont déjà pris un engagement en matière de formation qu'ils confirmeront et peut-être amplifieront demain. Certains pays ont par ailleurs proposé un soutien, notamment en termes logistiques : les Britanniques ont été les premiers à proposer leurs services, mais c'est également le cas des Belges et des Danois. D'autres vont sans doute se manifester.
J'en viens aux affirmations de M. Mamère, dont j'ai bien noté qu'il s'est déjà exprimé publiquement sur le sujet. Bien évidemment, il faut prendre en compte la question touarègue, et je le disais d'ailleurs dans mon propos liminaire. L'intervention militaire est nécessaire, mais elle ne permettra pas de résoudre, à terme, les problèmes du Mali. Cela étant, je ne suis pas d'accord avec l'affirmation selon laquelle la situation de ce pays est le produit de son histoire commune avec la France. La France, pays démocratique, a agi conformément au droit international, à la demande d'un gouvernement légitime, pour s'opposer à des terroristes. J'ai entendu, en d'autres occasions, le mot de « Françafrique ». Mais quel est le point commun ? Quels intérêts économiques pouvons-nous bien défendre au Mali ? Nous ne soutenons pas des intérêts particuliers, mais bien la population, qui veut vivre en liberté.
En ce qui concerne l'attitude des Américains, M. Le Drian a eu de nombreux contacts avec M. Panetta, et j'ai moi-même reçu un appel de Mme Clinton, qui a fait part de la position favorable de son gouvernement. Nous verrons ce qu'il adviendra au Conseil de sécurité des Nations unies, mais pour le moment, nous bénéficions du soutien des Américains. Ils nous proposent d'ailleurs une aide en matière de transport ou d'écoutes. Ils ont également des capacités en termes de drones que nous ne possédons pas, de même que les Italiens. D'une façon générale, nous pourrions obtenir de nouveaux appuis dans les jours qui viennent.